Comment un accident de bus ravive la colère liée au zéro-covid
Dans la nuit de samedi à dimanche 18 septembre, un car transportant 49 personnes est impliqué dans un accident sur un autoroute du Guizhou, province montagneuse du Sud du pays. Les premiers rapports font état de 27 morts et 20 blessés. Le drame devient rapidement le premier sujet de discussion sur les réseaux sociaux. En effet, au-delà du deuil porté aux victimes, la colère s’amplifie lorsqu’il devient clair que l’accident est lié à la mise en place de la politique zéro COVID dans la province.
Ces dernières semaines, Guiyang, la capitale provinciale du Guizhou, est frappée par un foyer épidémique de quelques centaines de cas. Dans ces situations, les autorités appliquent à la lettre la politique zéro-covid. La priorité est alors d’atteindre “zéro cas dans les communauté des quartiers” (社会面清零). Pour ce faire, les solutions sont radicales : les autorités placent en quarantaine stricte toutes les résidences concernées par au moins un cas de COVID et envoient tous les cas contact en quarantaine centralisée, le plus souvent dans une autre ville, afin que les futurs cas soient comptabilisés dans une autre commune.
Ainsi, samedi 17 septembre à 21h, 49 personnes dont 47 passagers quittent la ville de Guiyang pour le comté de Libo (situé à près de 200 km) afin d’être placé en quarantaine à l’hôtel. Les passagers viennent du district de Yunyan où se trouve le foyer épidémique de Guiyang. Le bus n’arrivera jamais à destination et se retourne sur l’autoroute. Dans la foulée du drame, les autorités de Guiyang ordonnent une enquête spéciale.
[/vc_column_text][vc_empty_space height= »18px »][thb_title style= »style6″ title= »Des morts liés à une politique absurde « ][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]Les raisons de colère citoyenne s’éclairent alors que les détails s’accumulent. En particulier, lorsqu’il devient évident que les autorités ont enfreint plusieurs lois dans l’application de la politique zéro-covid. Nie Riming, chercheur à l’Institut de Droit & Finance de Shanhgai, lie dans un article de blog largement partagé sur les réseaux sociaux cet accident au recul général du droit devant les impératifs de lutte obsessive contre le COVID.
La construction de barrières au milieu des routes, la condamnation des portes d’entrée d’immeubles, la construction de cages devant les résidences sont d’évidentes violations de la loi. Lors du récent tremblement de terre au Sichuan, des employés de lutte contre le COVID ont empêché des gens de quitter les personnes en quarantaine de quitter le bâtiment. Dans le cas de ce tragique accident de bus, les autorités ont notamment ignoré l’interdiction pour les bus de prendre l’autoroute la nuit dans la province du Guizhou.
« Cette dernière décennie, la Chine a construit un ensemble de lois et réglementations solides pour faire face aux tragédies routières ou autres accidents. Chacune de ses dispositions a été payée par le sang [d’innocent ayant péri dans des accidents], une exigence écrite avec les leçons de l’histoire », écrit Nie. « Guizhou a été la région la plus strictement régie pour les bus longue distance circulant la nuit, et la question que nous devons poser est de savoir pourquoi cette politique strictement appliquée a échoué ici lorsqu’il s’agit du transfert de personnes impliquées dans des épidémies. »
[/vc_column_text][vc_empty_space height= »18px »][vc_single_image image= »23179″ img_size= »medium » alignment= »center »][thb_title style= »style7″ title= »Un énième épisode démontrant l’impopularité du zéro COVID »][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]Cet accident aura provoqué une réelle colère dans l’opinion publique, suivi d’un jeu de chat et souris avec les censeurs qui cherchent à contrôler le récit de l’incident. Au-delà des messages de condoléances, les réseaux sociaux ont partagé en masse des images de solidarité et de mémoire pour les passagers de ce bus. Certains choisissent l’ironie, pointant que davantage de personnes sont décédées dans cet accident que du COVID lui-même sur la dernière année. Alors que le 18 septembre est une date mémorielle de l’humiliation subie par le Japon, nombreux sont ceux qui y voient désormais un autre sens.
Bien entendu, les autorités provinciales ont puni dès le lundi 19 septembre plusieurs responsables locaux (le chef du district où vivaient les victimes, le chef du groupe de travail de ce district chargé de transporter les résidents vers les installations de quarantaine et le secrétaire adjoint du parti du département de la sécurité publique du district). Ces arrestations locales, la censure et la propension à l’oubli suffiront probablement à faire oublier ce tragique accident, mais il constitue un nouvel exemple de la frustration et de l’exaspération des Chinois face à l’arbitraire du “quoi qu’il en coûte » zéro-COVID.
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