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A la suite de l’article publié la semaine passée, nous continuons d’explorer les bouleversements du marché de l’emploi chinois.
Nous sommes heureux de vous présenter un second article de Xavier, cette fois consacré aux difficultés des étudiants chinois rentrés de l’étranger.
Bonne lecture,
[/vc_column_text][vc_btn title= »Nos services » style= »classic » color= »juicy-pink » align= »center » link= »url:http%3A%2F%2Fwww.eastisred.fr%2Fservices||| »][/vc_column_inner][vc_column_inner width= »1/2″ alignment= »center »][vc_single_image image= »22611″ alignment= »center »][/vc_column_inner][/vc_row_inner][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]En Chine, le terme « haigui – (海归) » est un néologisme qui désigne les étudiants de retour en Chine après avoir obtenu un diplôme dans une université étrangère. La Commission nationale de l’information en Chine (国家信息中心) indique dans un récent rapport que le nombre d’étudiants tout juste diplômés de l’étranger et en instance de retour vers la Chine a pour la première fois dépassé le million en 2021, ce qui représente environ 84 % des étudiants chinois internationaux. À titre de comparaison les retours ne concernaient que 79% des étudiants internationaux chinois en 2016. La crise pandémique a donc marginalement renforcé ce phénomène de retour des haigui en Chine continentale. Trois quarts des étudiants internationaux chinois expriment le souhait de revenir en Chine afin de saisir les nombreuses opportunités professionnelles qu’offre leur pays. Mais la pandémie a changé la donne : elle a, d’une part, compliqué les voyages retour vers la Chine en raison de la fermeture du pays, et a d’autre part eu pour effet de modifier les besoins immédiats du marché du travail en Chine.
Ainsi, longtemps considérés comme l’élite d’une nation en manque d’expertise ou de savoir-faire dans des domaines importants, ces étudiants chinois diplômés de l’étranger font désormais face à des difficultés d’insertion professionnelle à leur retour en Chine continentale. Leur prestige d’antan sur le marché du travail chinois a laissé place à la prudence de recruteurs soucieux d’embaucher de jeunes professionnels plus adaptés au marché chinois. Leur « valeur à l’embauche », essentiellement basée sur leur capacité à appréhender et déchiffrer une culture étrangère ou à évoluer sur le marché international, s’est progressivement dégradée [aux yeux des recruteurs], et la crise pandémique n’a fait qu’accentuer ce phénomène.
Dans les médias et sur les réseaux sociaux chinois, on retrouve ainsi très souvent l’expression chinoise « 不香了» qui indique que ces haigui ne sont désormais plus en « odeur de sainteté ». Plus généralement, de nombreux articles en Chine relatent les raisons de la baisse d’attractivité des étudiants formés à l’étranger. Notre analyse vise à déterminer les raisons principales de cette perte d’attractivité des haigui et à mettre en lumière la difficulté de leur insertion sur un marché du travail bouleversé par la pandémie de Covid-19. Au-delà de ces difficultés, la situation des haigui donne également des clés de réflexion sur un progressif revirement de la Chine quant à l’accueil des talents formés à l’étranger, notamment ceux qui n’apportent aucune plus-value technologique à une Chine devenue réticente à l’idée d’envoyer ses étudiants se former à l’étranger. Dans ce contexte, les haigui sont les victimes collatérales d’une Chine qui se ferme de plus au monde extérieur.
La difficile insertion professionnelle des haigui à leur retour en Chine
Les vagues de retour des haigui de l’étranger vers la Chine ont pour principal effet « d’inonder le marché du travail » (涌入就业市场) et de rendre leur insertion professionnelle plus difficile en raison d’un décalage avec les étudiants diplômés de Chine. Ce décalage est dû, d’abord, à un changement de la demande en matière de formation et d’expérience de la part des entreprises chinoises. Il s’explique ensuite par un changement conjoncturel qui modifie les besoins immédiats d’un marché du travail fortement impacté par les confinements dus à la politique du covid-0 (清零政策).
Publié en 2021, un récent rapport sur l’insertion professionnelle des Chinois de retour en Chine continentale (2021中国海归就业调查报告) indique que plus de 83 % des haigui estiment qu’il est désormais plus difficile qu’auparavant de trouver un emploi stable en Chine. Ces « rapatriés » indiquent aussi les trois obstacles principaux auxquels ils font désormais face pour trouver un emploi :
- La concurrence nationale (国内竞争加大), puisque l’augmentation des retours des haigui en Chine créée une concurrence directe entre eux et avec les étudiants formés en Chine.
- La préférence nationale des entreprises chinoises, qui préfèrent recruter de jeunes diplômés en Chine, estimant qu’ils sont plus mûrs pour évoluer et s’adapter dans un milieu professionnel chinois.
- La concurrence internationale renforcée et exacerbée par les tensions induites par la crise pandémique offre également peu de portes de sortie pour ces haigui qui tenteraient de s’insérer sur le marché du travail international.
Outre les indications de ce rapport, les haigui décrivent eux-mêmes une véritable perte d’appétit des entreprises chinoises à leur égard comme étant le principal obstacle à leur recrutement.
[/vc_column_text][vc_empty_space height= »18px »][vc_row_inner][vc_column_inner alignment= »center »][vc_column_text]Vous souhaitez recevoir le Passe Muraille, la newsletter hebdomadaire gratuite d’EastIsRed, dans votre boite mail ?[/vc_column_text][vc_btn title= »Inscrivez vous » style= »classic » color= »juicy-pink » align= »center » link= »url:http%3A%2F%2Fwww.eastisred.fr%2Finscription|title:inscrivez-vous%20!|target:%20_blank| »][/vc_column_inner][/vc_row_inner][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]Les entreprises chinoises ne sont plus séduites par les haigui
Plus concrètement, on constate une baisse effective du recrutement des Chinois diplômés de l’étranger par les entreprises chinoises. Ce phénomène concerne aussi bien les grands groupes (大广) que les plus petites et moyennes entreprises (小公司/企业). Cette perte d’appétit est largement relatée par le rapport de 2021 sur l’insertion professionnelle des Chinois de retour en Chine continentale (2021中国海归就业调查报告). Ce dernier indique qu’en 2021, il y a bien une baisse de 2,3 % des embauches des haigui par rapport à l’année 2020. Cette baisse s’accentue pour les grandes entreprises nationales pour lesquelles elle atteint même -8,7 %. Plus inquiétant encore, le même rapport indique également une très forte chute, de l’ordre de -13,1 %, des embauches dans les secteurs de la culture, du sport et de l’éducation. Pour justifier cette baisse d’appétit pour les diplômés de l’étranger, autrefois très demandés, les entreprises du secteur privé ou public invoquent plusieurs raisons.
D’abord, les entreprises expliquent par exemple avoir besoin de jeunes professionnels mieux adaptés au marché national, donc formés en Chine. De manière générale, les firmes chinoises craignent que la spécialisation d’un diplômé de l’étranger ne corresponde pas aux besoins immédiats et très concrets de l’entreprise. Dans le domaine financier par exemple, les entreprises chinoises vont préférer embaucher un jeune diplômé de Chine, comptant sur le fait qu’il connaîtra mieux les normes du milieu financier chinois. L’étudiant diplômé de l’étranger, meilleur connaisseur des normes comptables étrangères, serait par conséquent rapidement écarté du processus de recrutement et laisserait ainsi un avantage net à un étudiant formé en Chine.
Deuxième argument, les entreprises chinoises estiment que les étudiants internationaux bénéficient de moins d’expérience sur le sol national, notamment au niveau des stages professionnels. Ce besoin d’expérience donne donc un avantage important aux étudiants diplômés d’une université chinoise qui ont eu l’occasion d’effectuer un stage dans une entreprise chinoise. Par ailleurs, la pandémie a rendu les stages dans une entreprise implantée en Chine très difficile d’accès aux étudiants exilés à l’étranger. A contrario, les étudiants en Chine ont pu bénéficier d’une expérience professionnelle en parallèle de leurs études, puisqu’ils étaient sur place.
Enfin, les étudiants formés à l’étranger ont aussi dû faire face à des difficultés administratives et financières. Ainsi, le délai d’obtention du diplôme ou le décalage des examens de fin d’année, le prix des billets de retour ou la rigidité de la politique sanitaire chinoise sont autant d’obstacles qui ont fortement mis en difficulté les étudiants souhaitant revenir en Chine continentale à temps, notamment ceux qui souhaitaient passer les concours de la fonction publique.
La crise pandémique accentue le déclassement des haigui
Dans ce contexte difficile, les haigui sont aussi parmi les plus touchés par les conséquences de la crise pandémique. En effet, la période de recrutement la plus intense en Chine est généralement située autour des mois de mars-avril. Cette période est couramment surnommée « le mois de mars doré et le mois d’avril argenté » (金三银四) car c’est durant ce grand mercato printanier que les Chinois changent de travail ou de poste après avoir touché leur prime du Nouvel An chinois, faisant de cette période l’une des plus intenses pour le marché du travail en Chine. Or, en 2022, cette période-clé a été l’objet de grandes inquiétudes pour les haigui qui souhaitaient trouver un emploi. Ceux-ci ont ressenti une forte pression, affirmant qu’il était très difficile de trouver un emploi de cadre malgré la dynamique traditionnellement attribuée à cette période. Pour certains, situés dans la zone de la Vallée des Perles – la Silicon Valley chinoise –, fortement touchée par les confinements, les possibilités professionnelles ont même été inexistantes. En outre, les haigui ont parfois été obligés de dépenser des sommes énormes en billets d’avion pour rejoindre leur pays natal à ce moment précis. Malgré leurs efforts, les haigui ressentent toujours ces tensions sur un marché du travail bouleversé par les événements induits par la crise pandémique.
Les haigui indiquent en effet que les petites entreprises ne sont pas séduites par leur profil pour de nombreuses raisons, parfois fondées sur des clichés éliminatoires. Les recruteurs estiment par exemple que ces étudiants ne vont forcément pas rester longtemps sur le poste auquel ils candidatent ou que leur attente salariale sera trop élevée, conduisant ainsi à leur élimination presque immédiate lors des différents processus de recrutement. Si bien que le sentiment qui règne chez les haigui est que les grands groupes n’ont plus besoin d’eux et que les plus petites entreprises les méprisent (大厂进不去,小厂嫌弃我). Les haigui ont ainsi le sentiment que leur expérience à l’étranger ne leur rapporte finalement plus aucun avantage et que les entreprises nationales expriment une forme de préférence pour les étudiants formés en Chine, moins coûteux et mieux adaptés au marché chinois.
Qu’ils soient issus des grands groupes ou de plus petites entreprises, les employeurs invoquent presque toujours des raisons financières. Pour les firmes chinoises, le coût à l’embauche d’un diplômé de l’étranger est bien plus élevé en moyenne que celui d’un diplômé national. Pour un diplômé de l’étranger, une entreprise offrira 6 000 yuans de salaire contre 5 000 yuans contre un étudiant diplômé de Chine. En réalité, les emplois qui leur sont proposés avoisinent probablement un salaire de 7 000-8 000 yuans par mois, selon des récentes enquêtes, ce qui reste relativement faible compte tenu du contexte pré-Covid et des investissements – souvent colossaux – dans les études à l’étranger. Mais l’écart entre le salaire offert à un étudiant formé en Chine et celui proposé à un haigui engendre une compétition nivelée par le bas, qui bénéficie in fine aux diplômés nationaux. Ainsi, certains haigui ayant postulé à plus de 50 postes sans obtenir d’entretiens – ce qui était impensable avant la crise pandémique – affirment que leur poste a finalement été pourvu par un jeune formé en Chine.
Les haigui décrivent également la très forte compétition qui règne entre eux et qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Il n’est plus rare de se retrouver en entretien collectif avec d’autres haigui. Preuve de cette compétition acharnée, les recruteurs n’hésitent pas à demander à un candidat formé à l’étranger les raisons pour lesquelles ils devraient éliminer les autres candidats également formés à l’étranger lors du processus de recrutement.
Enfin, les employeurs invoquent une là encore une raison indirectement induite par la pandémie. En effet, les firmes technologiques de Pékin expliquent par exemple ne plus recruter les étudiants qui ont effectué un « semestre à l’étranger » alors qu’ils suivaient simplement des cours en ligne auprès d’universités étrangères. À ce titre, un rapport portant sur le recrutement de personnes hors de Chine, publié en 2021 (2021中国海外人才职业发展分析报告), indique que 58 % des étudiants chinois « partis à l’étranger » ont en réalité suivi des cours en ligne. Certains d’entre eux n’ont également pas pu bénéficier d’échanges internationaux. C’est le cas des étudiants de Tsinghua qui devaient partir à l’université Cornell mais qui sont finalement restés en Chine pour y suivre des cours en ligne. Pour les employeurs, ces diplômés de l’étranger seraient donc également moins enclins à comprendre une culture étrangère puisque ceux-ci n’ont en réalité jamais évolué à l’étranger. En somme, les recruteurs se demandent donc ce que ces étudiants pourraient apporter de plus que les diplômés nationaux.
[/vc_column_text][vc_empty_space height= »16px »][vc_single_image image= »22872″ img_size= »full » alignment= »center »][vc_empty_space height= »16px »][vc_column_text]Quel avenir pour les haigui ?
Malgré ces obstacles, la demande d’étudiants formés à l’étranger reste très forte dans des domaines bien définis. D’abord, les postes en entreprise où la pratique d’une langue étrangère est nécessaire restent toujours très ouverts aux haigui. D’autre part, dans des domaines comme celui de l’intelligence artificielle, où les grandes universités étrangères offrent encore une meilleure formation que les universités nationales, une entreprise chinoise continuera de recruter des jeunes professionnels en raison de la plus-value technologique d’une expérience à l’étranger. En ce sens, dans le domaine des nouvelles technologies et du numérique, la part de recrutement des étudiants formés à l’étranger dans ces spécialités va donc logiquement continuer de croître. Le secteur du numérique est même obligé de continuer à s’appuyer sur les rares talents formés à l’étranger. Le rapport précité (2021中国海归就业调查报告) indique que, dans le secteur du numérique, de l’internet et de l’informatique (IT互联网), la part des étudiants formés à l’étranger et embauchés dans ce secteur va probablement passer de 16 % à 20 % dans le courant de l’année prochaine.
Au niveau des grands groupes (大广), la perte de prestige des haigui se fait ressentir. En parallèle, les PME ne sont pas non plus séduites par leur haut niveau de formation. Dans un article récent, cinq étudiants ayant passé un grand nombre d’entretiens durant cette période expliquent leurs difficultés à trouver un emploi qui répond à leurs critères. Beaucoup n’ont toujours pas trouvé de travail, d’autres ont obtenu un poste sans grande responsabilité mais avec des horaires de travail trop élevées et pour seulement 8 000 yuans par mois. En conséquence, une fois de retour, une partie de ces étudiants choisissent de se former à d’autres professions que celle d’origine. La grande majorité d’entre eux ne se sentent également pas satisfaits des salaires offerts, qui ne comblent pas leur dette – qui oscille souvent entre 500 000 et 1 million de yuans.
Cette ambiance traduit une forme de prise de distance de la Chine à tout étudiant formé à l’étranger. Dans un contexte où la Chine cherche à reconquérir une forme de souveraineté académique et technologique comme l’a récemment formulé Xi Jinping, le pays préfèrera miser sur ses étudiants nationaux plutôt que ceux partis à l’étranger. Le président Xi a ainsi appelé à une refonte de l’éducation chinoise tout en enclenchant une forme d’isolement des universités chinoises qui ont récemment accepté – au grand étonnement de tous – de ne pas participer aux classements internationaux des universités pour l’année 2022 selon un récent article du South China Morning Post. Ces éléments nous montrent que la Chine se ferme aussi sur le plan académique. Dans ce contexte, les haigui sans réelle plus-value académique ne sont plus prioritaires. Le manque d’appétit des entreprises est donc aussi à mettre en corrélation avec la situation politique du pays. A contrario dans les domaines où la Chine est encore dans un processus de rattrapage technologique important, la Chine fera toujours appel aux étudiant spécialisé dans ces domaines ciblés et très demandés, faute de choix. Mais situation actuelle de la Chine pèse actuellement sur les haigui, qui se retrouve pris entre un contexte politique et sanitaire tendu. Récemment Chen Xianyi, ancien directeur de la propagande dans le secteur des arts et de la culture avait affirmé qu’il était important de « se débarrasser des cibles étrangères marque le retour d’une Chine souveraine sur le plan de l’éducation » pointant cette nécessité comme un « préalable à la réjuvénation de la nation chinoise ». Ambiance. (Source)
Conclusion : les haigui, victime collatérale de la fermeture progressive chinoise
Pour toutes ces raisons, les haigui – qu’ils soient diplômés d’universités prestigieuses comme King’s College, Cornell ou d’autres universités européennes ou nord-américaines – ont vu leur cote fortement baisser au détriment des diplômés des universités nationales chinoises. Les Chinois diplômés des grandes universités nationales semblent prendre le dessus même dans des domaines lesquels la Chine a réussi à rattraper le savoir-faire ou le niveau technologique des pays développés. Ainsi, les étudiants de Fudan (复旦大学), de Jiaotong (交大) de l’université technologique de Nanyang (南洋理工) vont être préférés à un diplômé d’une grande université allemande ou britannique.
En manque d’attractivité, certains des étudiants formés à l’étranger se considèrent désormais comme des « déchets de la mer – haifei (海废) ». Estimant que la période de recrutement printanier de cette année a été inexistante (秋招团灭), les haigui relatent encore des difficultés croissantes pour trouver un emploi et ce, d’autant plus dans le contexte sanitaire actuel. Les villes de premier rang ont par exemple été touchées par la politique de 0-covid qui frappe durement Shanghai et Pékin après avoir touché des villes comme Shenzhen ou Xi’an.
Le sentiment général des haigui est celui d’une forme de déclassement qui dépasse le seul contexte sanitaire. Ce déclassement se traduit d’abord et avant tout par la perte d’attractivité de leur diplôme à l’étranger, pour laquelle certains ont dépensé près de 1 million de yuans. Les haigui ressentent également une forme de mépris de la part des entreprises compte tenu de leur revendication en termes de salaire, de flexibilité et de confort.
Ce phénomène qui frappe les haigui doit toutefois faire l’objet de nuances. Par exemple, il ne concerne pas les étudiants qui reviennent avec une spécialisation dans des domaines très techniques, comme les ingénieurs en informatique ou encore ceux qui maîtrisent une ou plusieurs langues. Il ne semble pas non plus toucher les diplômés des universités étrangères dites de premier rang. Par ailleurs, la crise pandémique reste un facteur conjoncturel qui contraint les entreprises chinoises au ralentissement et qui touche donc d’abord les haigui.
Malgré tout, parmi tous les haigui qui racontent leur expérience à l’étranger et leur difficile retour, presqu’aucun d’entre eux n’exprime de regrets quant à leur expérience à l’étranger. La grande majorité d’entre eux défendent le besoin de partir s’acclimater à un environnement différent, de maîtriser une nouvelle langue et d’évoluer dans une autre société pour apprendre différemment. Ce qui suscite l’inquiétude, c’est finalement le décalage entre cette ouverture au monde incarnée par les haigui et les réalités d’un marché du travail chinois qui semble se fermer sur lui-même, à l’image de la Chine.
Toutefois, le sentiment qui se dégage est que les entreprises chinoises semblent bien moins valoriser la formation à l’étranger qu’auparavant – surtout chez les diplômés en sciences humaines ou dans les domaines de l’art. Cette dévalorisation traduit aussi la fermeture de la Chine aux compétences obtenues à l’étranger de ses étudiants. Il est devenu également très difficile de partir à l’étranger même pour effectuer ses études ; les Chinois ne sont autorisés à sortir de Chine que pour des critères dits essentiels, du fait de la hausse des contaminations à la Covid. Les internautes chinois s’offusquent de cette situation. Vous avez 18 ans et vous voulez faire une licence à l’étranger ? « Trop jeune », vous rétorqueront les autorités officielles. Vous avez 30 ans et souhaitez effectuer un doctorat à l’étranger ? « Pas essentiel », vous répondront ces mêmes autorités. Dans ce contexte, c’est bien l’horizon des échanges culturels et académiques avec les grands pays partenaires de la Chine qui s’assombrit de plus en plus.
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