[vc_row][vc_column][vc_column_text]Zhao Leji [赵乐际] fait partie des trois membres du Politburo à rester en poste entre le 19ème et le 20ème Congrès. Il a 65 ans. Responsable de la puissante commission disciplinaire du Parti, il est pressenti au poste de président du comité permanent de l’Assemblée Nationale du Peuple. Bien que cette institution soit surnommée la chambre d’enregistrement [橡皮图章], son président n’en est pas moins le numéro 3 du régime. Alors, qui est Zhao Leji ?[/vc_column_text][vc_empty_space height= »18px »][thb_title style= »style6″ title= »Le parcours de Zhao Leji : celui d’un politicien de carrière du réseau des princes rouges »][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]
- Un prince rouge lié à Xi par les parents
Le grand-oncle de Zhao Leji, Zhao Shoushan [赵寿山] était un compagnon de route de Mao. Il a été commandant en second de l’armée de campagne du Nord-Ouest de l’APL. Au même moment, le père de Xi Jinping, Xi Zhongxun, servait comme commissaire politique adjoint.. Il existe donc un lien fort entre les deux familles. Ainsi, Zhao Shoushan ira jusqu’à défendre personnellement Xi Zhongxun auprès de Mao, alors que ce dernier tombait en disgrâce.
Par la suite, Zhao Shoushan devient gouverneur du Qinghai, poste qu’il va presque « léguer » à son petit neveu.
Le père de Zhao Leji est Zhao Ximin [赵喜民], directeur adjoint du journal le Quotidien de Qinghai [青海日报]. Son frère cadet est Zhao Leqin [赵乐秦], l’actuel vice-président du Comité permanent de l’Assemblée du Guangxi.
- Une enfance sous le signe de la révolution culturelle.
Zhao Leji est né à Xining, Qinghai, en 1957. A 18 ans, il part sur ordre de Mao « s’instruire à la campagne » dans le cadre de la révolution culturelle [知识青年上山下乡的号召]. En cela, Zhao connaît le sort de la plupart des princes rouges. Il évitera cependant le long calvaire qu’endurera Xi Jinping: Zhao Leji va obtenir l’autorisation de rentrer à la ville au bout d’une seule petite année. Il travaille alors comme postier et correspondant au bureau du département provincial du commerce de Qinghai [青海省商业厅办公室].
En tant que fils d’envoyé ouvrier et paysans à la campagne (titre un peu usurpé tout de même), Zhao Leji arrive à entrer à l’Université de Pékin en 1977 et obtient son diplôme de philosophie trois ans plus tard. Il est âgé de 23 ans.
- Zhao prend goût à la politique et entame sa carrière.
Diplômé, Zhao commence sa carrière comme propagandiste au service du bureau du commerce de Qinghai. Il enseigne aussi à l’école commerciale provinciale du Qinghai et, surtout, devient le secrétaire du comité de la ligue de la jeunesse de Qinghai [团委书记].
Enfin, en février 1991, c’est la consécration: Zhao est promu directeur du Département provincial du commerce. Il a 34 ans, et l’avenir lui tend les bras.
Deux ans plus tard, Zhao est nommé vice-gouverneur de la province du Qinghai. Il prend le contrôle de la province en 2000, à 42 ans, ce qui en fait le plus jeune gouverneur de province de l’histoire du PCC. En cela, il a suivi les pas de son père.
En 2004, il est nommé directeur du Comité permanent de l’Assemblée populaire provinciale de Qinghai.
Il est ensuite « parachuté » dans la province du Shaanxi. En 2008, il devient directeur du Comité permanent de l’Assemblée populaire provinciale du Shaanxi.
- Sous Xi Jinping, Zhao occupe des postes politiques cruciaux.
Alors que Xi Jinping prend le pouvoir, Zhao Leji gagne sa place à la fois au comité central, et surtout à la tête du Département de l’organisation du Comité central du Parti communiste. A la tête de cet organe stratégique, Zhao Leji gagne le pouvoir de nominer et de dégrader les cadres du Parti. Cette nomination montre bien que Zhao a l’oreille et la confiance de Xi Jinping, dès son premier mandat.
Pour les commentateurs, il fait parti du « Gang du Shaanxi« , les alliés de Xi Jinping par relation avec son père.
5 ans plus tard, il gagne sa place au sein du Politburo, le comité permanent, auprès de Xi Jinping. Signe de son ascension croissante, il succède aussi à Wang Qishan à la tête de la puissante Commission centrale pour les inspections de discipline (CCDI, en anglais).
Enfin, le 23 octobre 2022, Zhao Leji, 65 ans, a été réélu membre du Comité permanent du Bureau politique du Comité central du PCC lors de la première session Comité central du PCC, passant n°3 du Parti.
[/vc_column_text][vc_empty_space height= »18px »][thb_title style= »style6″ title= »Dans la tête de Zhao Leji »][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]Zhao Leji, à l’instar de Xi Jinping, souhaite préserver l’appareil du Parti ainsi que sa forme marxisante.
- Il est attaché au vocabulaire marxisant du PCC. Il parle, par exemple, de suivre « la ligne de la masse« , un vocable longtemps abandonné par la plupart des cadres du Parti, jusqu’à l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir. [« Soyez un bon cadre qui applique consciemment la ligne de masse du Parti » – PBC, 2013].
- Il met en avant les organisations de base du PCC dans le pays, pierre angulaire de la lutte contre la pauvreté, selon lui [« Faire des organisation populaire du Parti une forteresse de bataille » – Quotidien du Peuple, 2016].
- Il souhaite remettre le Parti au centre de l’école [党校姓党] et de tous les enseignements qui y sont dispensés [« Faire du Parti le centre principiel du travail des instituts de recherche » – Xinhua, 2016].
- Selon Zhao Leji, la « nouvelle ère » proposée par Xi Jinping est programme marxiste [« Révolutionner son « moi » pour mener la grande révolution sociale » – Site de la commission disciplinaire, 2021]
Zhao Leji exige, comme Xi Jinping, la pureté politique chez les cadres. Autrement dit, la soumission complète au leader.
- Avant 2012, Zhao Leji se désolait déjà du système institutionnel vérolé en Chine, coupable du retard de développement économique du Shaanxi [Interview au Quoditien du Peuple, 2008].
- Dès son arrivée au pouvoir, sous Xi Jinping, Zhao Leji s’attache à sommer les cadres du Parti de bien respecter la volonté du président chinois [« Créer un environnement politique sain » – Réseau d’information du PCC, 2014].
Néanmoins, Zhao Leji a une pensée économique relativement pragmatique, notamment conscient de la nécessité de rassurer les partenaires étrangers
- En 2011, Zhao Leji s’est rendu en délégation en Allemagne, en Suède et en Grèce pour rencontrer de grands chefs d’entreprises et favoriser les échanges Chine-UE [Shaanxi EKIA holding groupe – 2011]
- Pour Zhao Leji, si la répression de la corruption est très politique, elle demeure aussi un moyen d’améliorer les moyens d’existence de la population [« Le rôle de la supervision (…) est en faveur du développement économique et social » – Site de la commission disciplinaire, 2022].
Sans surprise, Zhao Leji épingle de nombreux cadres du Parti à son tableau de chasse comme maître de la puissance commission de discipline du Parti.
[/vc_column_text][vc_empty_space height= »18px »][thb_title style= »style6″ title= »Un purgateur efficace au service de Xi Jinping »][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]En tant que chef du Département de l’organisation du Comité central, Zhao Leji a promu environ 4000 cadres en 5 ans, en majorité fidèles à Xi Jinping [WSJ – 2017].
En tant que chef de la Commission de la discipline, Zhao Leji a fait arrêter de nombreuses sommités du Parti pour des raisons politiques :
- Yang Jing, l’ancien secrétaire du Secrétariat du Comité central du PCC.
- Zhao Zhengyong, l’ancien secrétaire du Comité provincial du Parti du Shaanxi.
- Qin Guangrong, l’ancien secrétaire du Comité provincial du Parti du Yunnan.
- Fu Zhenghua, ancien ministre de la Justice sous le second mandat de Xi Jinping (voir notre article sur la purge pré-Congrès).
- Sheng Guangzu, ancien ministre des Chemins de fer sous le premier mandat de Xi Jinping.
- Meng Hongwei, l’ancien président d’ Interpol (j’avais écris un article pour Les-Yeux-Du-Monde sur cette arrestation à l’époque).
- Xiao Yaqing, ancien ministre de l’Industrie et des Technologies de l’information sous le second mandat de Xi Jinping.
Conclusion
Zhao Leji apparaît en effet comme un allié naturel de Xi Jinping. Lié à lui par sa famille, partageant le même soucis de marier le pouvoir absolu du Parti avec l’efficacité économique, il conserve un attachement indéfectible au décorum marxiste. Pour ne rien gâcher, il est efficace, connaît bien les arcanes du Parti et se montre fidèle à Xi.
En mars, Zhao Leji sera élu président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale de Chine. Un poste important, que Xi Jinping a lui-même occupé avant d’être promu secrétaire-général et président de la Chine.
Noé Hirsch
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