La Chine et la Russie main dans la main pour “contrecarrer” l’Occident
09 avril: Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe rencontre Xi Jinping. But affiché: “approfondir la coopération en matière de sécurité en Eurasie pour contrer les tentatives américaines d’imposer leur volonté dans la région” [Zaobao].
Reprenant un vocabulaire de communication d’une facture plutôt récente, Wang Yi s’est empressé de préciser que la Chine s’opposait toutefois au protectionnisme (“筑墙设垒”“脱钩断链”) [MinAff]. Le but est proprement stratégique.
Pour la Chine, l’objectif est de contrecarrer les ambitions de l’ONU et des EU en mer de Chine. Elle propose, pour répondre à la “double deterrence” américaine [双重威慑], une série de “double counteracting” [双重反制]. Wang Yi, à l’origine de cette suggestion, n’a pas encore donné le contenu de ces possibles mesures.
Pour Yang Cheng (杨成), directeur exécutif de l’Institut de Shanghai sur la gouvernance mondiale et les pays régionaux de l’Université des études internationales de Shanghai [上海外国语大学上海全球治理与区域国别研究院执行院长]: Levrov paraissait “amusé” par la proposition de “double couteracting”. Selon Yang, le but de cette rencontre est surtout de freiner les ambitions de l’OTAN en Asie-Pacifique et de créer un mécanisme de coopération pour la stabilité régionale, qui pourrait même inclure à terme la Corée du Nord.
Mais, pour l’ensemble de la doctrine, ni la Chine ni la Russie ne souhaite d’alliance militaire classique.
La Russie a surtout fait valoir la nécessité de combattre le terrorisme dont Moscou a été durement frappé. « Notre coopération antiterroriste se poursuivra, y compris dans le cadre des institutions multilatérales« , a déclaré Lavrov, peu avant son arrivée en Chine (sohu).
Russie et Chine poursuivent leur intégration : le RMB occupe une part de plus en plus importante dans les échanges en Russie. Bloomberg : le RMB représente 53 % du volume des transactions de change sur les bourses russes en mars, et 39,6 % dans les transitions de gré à gré (lien).
Les institutions financières chinoises passées au crible du PCC
Reportage de la Télévision centrale de Chine lundi 8 avril, la troisième série d’inspections du 20e Comité central du Parti communiste chinois procède à des inspections des comités du parti [党组].
Cible: la Banque populaire de Chine, l’Administration nationale de surveillance financière et la Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières, mais aussi ainsi que les banques politiques [政策性银行], les cinq principales banques publiques et de nombreuses autres institutions financières. [中国进出口银行、中国工商银行股份有限公司、中国农业银行股份有限公司、中国银行股份有限公司、中国建设银行股份有限公司、交通银行股份有限公司党委]. Douanes, bureau des impôts et compagnies nationales d’assurance font aussi partie des cibles [Caixin].

Dans ce contexte de reprise difficile pour l’économie chinoise, il est peu surprenant que la supervision s’attache aux institutions qui ont vocation à lubrifier la circulation économique.
Ce même jour, le Bureau de la Commission financière centrale et le Comité de travail financier central ont publié un article dans le « Study Times » [学习时报] intitulé :
« Renforcer de manière globale la construction du parti dans le système financier avec la construction politique du parti comme guide » [lien] où un renforcement des inspections disciplinaires est annoncé.
Ces institutions ciblés font l’objet d’une pression accrue de la supervision disciplinaire et politique depuis au moins 2021, ou une première série d’inspections avait été approuvée par le politique [中国农业风险管理研究会].
L’immobilier étouffe le bilan de nombreuses banques chinoises
Les 6 premières banques publiques chinoises ont publié leurs résultats de 2023. Premier constat: l’ensemble des activités de prêts hypothécaires personnels des banques est sous pression. Le solde total des prêts hypothécaires des six principales banques publiques s’élève à environ 26 430 milliards de yuans, soit une diminution d’une année sur l’autre d’environ 516,6 milliards de yuans.
La Banque industrielle et commerciale de Chine, la Banque agricole de Chine, la Banque de Chine, la Banque de construction de Chine et la Banque des communications accusent le coup.
En cause, la baisse des acquisitions. En 2023, -8,5 % pour les logements résidentiels, -6,5% pour les logements commerciaux en Chine. Ajoutons à cela, selon divers experts chinois, l’explosion du nombre de “créances douteuses” qui grève encore un peu le budget des grandes banques.
Pour contrecarrer ce phénomène, les banques prennent le risque de multiplier les crédits à la consommation (+9,5% en 2023). Un phénomène qui devrait prendre de l’ampleur, mais qui, en termes de volume, reste faible par rapport aux prêts au logement [Jiemian].
Pour aller plus loin; le changement du paradigme de l’immobilier.
L’immobilier, qui constituaient le principal bien d’épargne pour les ménages Chinois, sort de l’ère du “monte toujours, ne baisse jamais” selon le vocable chinois [只涨不跌]. Dans des villes de second rang, de nombreuses résidences commencent, pour la première fois de l’histoire capitaliste de la Chine (hors crise immobilière de Hainan), à perdre de la valeur (voir enquête de Yang Danxu en lien)..
C’est tout pour cette semaine !
Noé
