Pékin veut prendre Hanoï dans son giron
Noé Hirsch
Le pays d’Asie du Sud-Est, déjà par 4 fois envahi par la Chine au cours de son histoire, multiplie les rapprochements avec l’hégémon asiatique.
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« Certains pays ne comprennent pas la singularité des relations sino-vietnamienne », s’amusait encore un édito de Global Times, journal porte-parole de Pékin. Cette semaine, les deux pays ont organisé des rencontres au sommet, militaires et politique, avec la présence de Xi Jinping en personne.
Ce resserrement des relations sino-vietnamienne sonne comme le glas de la stratégie Asie-Pacifique de Washington. Les USA représentent le premier marché exportateur du Vietnam, et investi massivement dans le pays. Pourtant, ils figurent sur la liste des partenaires diplomatiques de troisième rang du Vietnam, derrière l’Europe et le Japon, et loin derrière la Chine. Car Pékin est, depuis 2008, un partenaire de premier rang pour Hanoï, et les échanges commerciaux entre les deux pays n’a jamais cessé de s’intensifier depuis.
Malgré les efforts américains, le Vietnam refuse de monter le rang de coopération avec les USA « compte tenu de l’intensification de la concurrence sino-américaine », selon Bich Tran, chercheur au Center for Strategic and International Studies de Washington. Comme proclamé dans l’édito du Global Times : « La Chine et le Vietnam sont tous deux des pays socialistes gouvernés par le Parti communiste ». Cette proximité supplante toute tentative d’arrimer le Vietnam à une quelconque zone d’influence par des moyens économiques.
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Ce mois de juin, la prédominance chinoise dans la région est exprimée par Xi Jinping, qui reçoit en personne le Premier ministre vietnamien Pham Minh Thanh (27 juin). Faisant écho aux velléités de « derisking » promues par l’UE, et à la visite de Li Qiang en demi-teinte en France et en Allemagne, il propose aux vietnamiens de « résister ensemble au découplage et à la déconnexion ». Xi Jinping a appuyé la proximité idéologique des deux gouvernements : « la Chine et le Vietnam sont deux pays socialistes ». Cette idée de la proximité entre les Partis communistes demeure la clef de voûte de l’idéologie diplomatique de l’exécutif chinois.
Par ailleurs, Xi Jinping contrebalance l’initiative américaine en promettant « d’importer davantage de produits vietnamiens », mais seulement dans le cadre de la BRI. Son homologue vietnamien a répondu avec le grain de sel : « nous accordons une attention particulière aux diverses initiatives mondiales proposées par la Chine et nous sommes disposé à discuter de ces initiatives ».
En parallèle, le ministre de la Défense chinois Li Shangfu a rencontré son homologue Phan Van Giang, alors que le porte-avions USS Reagan venait d’accoster à Da Nang pour commémorer le 10e anniversaire de l’établissement d’un partenariat global entre les États-Unis et le Vietnam. C’était la troisième fois depuis la guerre du Vietnam qu’un porte-avions américain fait escale à ce port.
Le Vietnam ménage donc ses alliances, jouant les puissances les unes contre les autres, dans le cadre de son crédo diplomatique de non-alignement. La rencontre de Li Shangfu avec Phan Van Giang, contrairement à ce qui a pu être écrit ici et là, a fait l’effet d’un pétard mouillé. Les propositions de renforcement de la coopération entre les armées, avancées par Li, ont reçu un accueil tiède. Les points retenus par Phan Van Giang se résument en :« travail politique, échanges de défense des frontières et formation du personnel ».
Car la Chine et le Vietnam ont des différends importants autour de la possession de plusieurs îles et les territoires maritimes attenants [archipels de Hoang-Sa et de Truong-Sa]; les conflits qui ont opposés les deux pays ont aussi laissé une trace profonde dans les mentalités, notamment chinoise, après sa défaite en 1979 aux frontières du pays. Un film chinois, paru en 2017, donne une idée de la violence du conflit et du traumatisme pour les envoyés du front: « Jeunesse » [芳华]. Les scènes de guerre et la désillusion des combattants de retour en Chine sont édifiants.
