Soudan: l’enjeu de l’évacuation des expatriés chinois
La Chine a dépêché une « équipe » pour aider ses ressortissants à évacuer le pays. Néanmoins, de nombreux expatriés chinois ont décidé de s’enfuir d’eux-mêmes.
Des communiqués récents des ambassades de Chine au Soudan et en Egypte notent et déplorent la volonté de nombreux chinois présents sur place d’évacuer le Soudan par leurs propres moyens. Les institutions chinoises dispensent alors des conseils: « choisir avec soin leur propre itinéraire d’évacuation, d’éviter les zones de combat et de tenir compte à l’avance de l’entretien des véhicules, de l’approvisionnement en carburant et des réserves de matériel.«
[vc_empty_space height= »6px »][thb_title style= »style6″ title= »Un baptême du feu pour la nouvelle diplomatie chinoise »][vc_empty_space height= »6px »][vc_column_text]La crise au Soudan a permis à un nouveau personnage de l’administration diplomatique chinoise d’émerger: Wu Xi [吴玺], directeur du Département des affaires consulaires du ministère chinois des Affaires étrangères. C’est lui qui a affirmé le premier l’importance que cette crise occupe au ministère de la nouvelle administration de Xi Jinping. 2000 chinois sont présents au Soudan.
Les risques sont réels. Le bâtiment qui abrite le média d’Etat CCTV au Soudan vient d’être touché par un bombardement. Mais le rythme d’évacuation des citoyens chinois est lent en comparaison des autres nations développées présentes sur place. France, Allemagne, USA, Japon ont tous rapidement évacué les leurs, alors que la logistique chinoise est à la peine. Le 25 avril, le porte-parole du MinAff chinois annonce l’évacuation d’un premier groupe de réfugiés chinois, sans avancer de chiffre. Une vidéo très relayée par les réseaux sociaux liés au gouvernement chinois, prise par un expatrié chinois, illustre cette première évacuation.

Le processus d’évacuation chinois reposera sur l’action de la base de Djibouti. Selon plusieurs rapports disponible, la Chine cherche à dépêcher un Y-20 pour accélérer l’évacuation, mais jusqu’à présent, la mer par l’Egypte et l’Erythrée demeure l’option la plus probable.
[vc_empty_space height= »18px »][thb_title style= »style6″ title= »Utiliser la crise pour promouvoir le régime »][vc_empty_space height= »6px »][vc_column_text]Nous avions parlé de Wu Xi. Elle apparaît dans une interview à la télévision chinoise (CCTV) pour placer l’intérêt chinois à l’égard de ses ressortissants sous le signe de « la pensée de Xi Jinping« . Encore peu rodée, elle semble réciter son texte de manière robotique, alignant des séries de slogans. Mais l’idée est limpide. L’efficacité chinoise en temps de crise vient en renfort de la légitimité du gouvernement.
C’est pourquoi, sur les réseaux officiels et notamment Weibo, une petite musique court – celle de la supériorité de la réaction chinoise vis-à-vis des autres grandes nations présentes sur place. Des « influenceurs » à la solde du régime ne se privent pas d’effectuer des comparaisons inexactes pour louer l’action de l’APL sur place, comme « Sa Su » [萨苏], 1,4 millions d’abonnés sur Weibo.
De nombreux « internautes » se moquent ainsi des Etats-Unis, brocardant le peu d’action prêté au pays qui compte pourtant 16 000 ressortissants sur place. « Informer sur les dangers, voilà tout ce qu’ils peuvent faire« , peut-on lire. Néanmoins, ces comptes de propagande bas-de-plafonds sont peu suivis, et presque pas relayés.
D’autres self-médias et commentateurs s’inquiètent de l’usage des armes chinoises vendues au Soudan (sur d’autres réseaux que Weibo). En 2015, les Nations Unies déclaraient déjà que la Chine a vendu pour 20 millions de dollars américains d’armes au Soudan. Or, des rapports indiquent que les forces rebelles ont déjà saisi une partie de cet équipement. L’usage ultérieur de ces équipements pourrait détériorer l’image chinoise à l’international.
Les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Égypte, l’Arabie saoudite, le Conseil de sécurité de l’ONU, l’Union européenne et l’Union africaine ont appelé à une fin rapide des hostilités.
Noé Hirsch