ICBC Qinghai créé un département de l’APL – une première pour une banque
L’inauguration a eu lieu le 23 de ce mois-ci, à Xining. C’est un événement, certes restreint, mais qui risque de s’étendre à de nombreuses institutions financières dans les mois qui viennent.
Ce que ça signifie, concrètement: eh bien, on comprend mal l’intérêt de mettre en place une “milice”, comme les communiqués officiels le présentent, au sein d’une banque. Surtout pour “servir en temps de paix, répondre en cas d’urgence et de guerre”, comme l’exprime Liu Xiang, commandant du district de garnison de Xining.
L’intérêt est sans doute psychologique. Les banques sont sous contrôle resserré du gouvernement depuis la crise de la Covid-19, et il semble que les comités de Parti à l’intérieur ne donnent pas satisfaction. Facilement corruptibles, mal organisés, ils peuvent se rendre parfois utiles, mais appartiennent le plus souvent à un genre de décorum obligé.

Mais la milice peut aussi servir à défendre l’institution contre d’éventuels manifestants. Ces dernières années, de nombreuses occurrences de manifestations d’épargnants lésés se sont produites dans le pays. Le système chinois encourage des recours légaux contre les institutions qui bloquent l’épargne de leurs clients (voir nos PM sur le site eastisred.fr), voire le dépôt d’une pétition au bureau correspondant, à Pékin. Ces actions aboutissent rarement, d’où un certain mécontentement.
Huawei veut s’en sortir par l’automobile chinoise
Compte WeChat officiel de Huawei Digital Energy, 24 avril: l’entreprise annonce avoir uni ses forces avec 11 constructeurs automobiles pour établir une” Supercharge Alliance” [超充联盟] – référence à la batterie et à l’alimentation des véhicules électriques, avec BYD, Guangzhou Automobile Group, Great Wall Motors, Jiangxi Automobile Group, Chery, Cyrus, Li Auto, Nezha Motors, Xpeng Motors, BAIC Jihu et Avita. Technologie…
Selon le communiqué, l’objectif est de « permettre aux utilisateurs d’acheter en toute confiance, aux opérateurs de recharge de construire en toute confiance, aux constructeurs automobiles de construire de bonnes voitures en toute confiance, aux réseaux électriques de distribuer en toute confiance et à la gouvernance urbaine d’être plus efficace ».
Concrètement, Huawei se positionne en fournisseur de chargeurs de batteries pour automobiles. L’entreprise prévoit de déployer plus de 100 000 chargeurs ultra rapides entièrement refroidis par liquide [全液冷充电超级快充] d’ici fin 2024.
- Dans la même semaine, Huawei a annoncé le lancement officiel de Huawei Qiankun, une nouvelle marque de solutions de voiture centrée sur la conduite intelligente, ainsi que sa première berline phare de luxe, la Xiangjie S9 [享界S9].
Après les voitures, l’UE poursuit les investigations
Et parfois, les enquêtes peuvent être musclées. Le 23 avril, selon les médias chinois, la Commission européenne a perquisitionné les bureaux d’entreprises installées en UE, à capitaux chinois, soupçonnée d’avoir reçu des subventions chinoises.
L’entreprise est Nuctech, ses bureaux néerlandais et polonais ont été fouillés.
C’est une société chinoise de produits d’inspection de sécurité partiellement détenue par l’État, dont le siège est à Pékin. Cet événement marque la défiance de l’UE vis-à-vis des entreprises chinoises sous influence de l’État chinois, soupçonnées de ne pas respecter les règles du TFUE et de la concurrence européenne.
- Dans la même semaine, l’UE a lancé une enquête sur l’accès au marché sur les achats de dispositifs médicaux en Chine afin de répondre aux préoccupations selon lesquelles les politiques du gouvernement chinois favorisent injustement les fournisseurs nationaux. En cause: l’obligation de réciprocité d’accès aux marchés, règle adoptée en 2022 par l’UE.
- Le Japon a lancé également un mouvement de contrôle. Le gouvernement japonais a annoncé qu’il lancerait une enquête antidumping sur les électrodes de graphite en provenance de Chine.
Un carnet de vacances à Paris suscite une vague de censure en Chine
C’est l’histoire de la célébrité Internet chinoise « Thurman Cat Cup » qui met en ligne une courte vidéo où il affirme avoir trouvé les devoirs de vacances d’hiver de l’élève du primaire « Qin Lang » à Paris, en France.
Un internaute s’écrit: “C’est mon neveu ! Il étudie à l’école primaire de Xichang”. La célébrité affirme qu’elle entre en contact avec la mère de l’enfant. Problème: les écoles en question publient un démenti. On commence à soupçonner une mise en scène.
Deuxième problème: Thurman Cat Cup est une vraie célébrité. La police s’en est mêlée. Le Bureau municipal de la sécurité publique de Hangzhou a conclu qu’après enquête, la vidéo est bien une mise en scène. Les comptes impliqués, couvrant 40 millions de followers, ont été supprimés par la police.
Suite à cette affaire (marginale), Le compte public WeChat de « Network China » [网信中国] a annoncé une nouvelle action politique pour « purifier l’air et rectifier le trafic sans fond des « self-médias » ». [Avis officiel]. L’action sera menée pendant les deux prochains mois.
Cette séquence est intéressante. Les self-médias sont dans le collimateur de l’Etat depuis au moins 2017, date des premières grandes opérations de “purification”. Mais jamais la police ne s’était saisie d’un événement aussi trivial pour justifier une grande opération de purge des médias.
Militaire: adieu, la Force de soutien stratégique.
L’ancienne Force de soutien stratégique a été démantelée et remplacée par quatre nouvelles armes” : information, aérospace, cyber and joint logistics support.
Les armes viennent se “coller” aux quatres Forces (Terre, Mer, Air, et Fusées).
La précédente réorganisation militaire majeure sous Xi, en 2015, visait à moderniser l’APL en réduisant de 300 000 ses effectifs d’environ 2,3 millions d’hommes. Les sept régions militaires sont devenues cinq commandements de théâtre. La Force des Fusées et la Force de soutien stratégique ont été créés à cette occasion.
Presque une décennie plus tard, cette dernière Force a vécu. Peu convaincante, mal adaptée à la guerre moderne et, selon les médias de Hong Kong, rongée par la corruption, elle a finalement été démantelée cette semaine.
Ces armes seront, selon Xi Jinping, le “pilier-clef” de l’armée. Même si cela n’a pas de grande signification.
Fox Hunt: gros succès au Laos
La Chine et le Laos ont coopéré pour détruire trois repaires de criminels situés dans la zone économique spéciale du Triangle d’or du Laos, et ont capturé 250 suspects criminels chinois impliqués dans des fraudes dans les télécommunications et les ont remis à la Chine.

Il s’agit de l’aboutissement d’une enquête lancée mi-2022 par la police chinoise du Henan qui a, selon les rapports, “organisés les agences de sécurité publiques locales” afin de saisir les criminels. Autrement dit, la police laotienne a, selon les médias chinois, agi en service commandé.
La police chinoise multiplie les succès dans ce genre d’opérations, et progresse à vue d’œil.
C’est tout pour cette semaine !
Noé
