L’auteur du célèbre “Problème à trois corps” sous enquête
Sans transition:
Yao Haijun [姚海军] (nom de plume: Bo Le) fait l’objet d’une enquête de la part des autorités du Sichuan, selon le compte WeChat [长安街知事]. L’auteur à succès est soupçonné, selon la formule en vigueur, de grave violation de la discipline et de la loi [“涉嫌严重违纪违法”].
Selon Jiemian News, la nouvelle de la disparition de Yao Haijun a circulé dans le cercle de la science-fiction il y a plus d’un mois et son Weibo personnel a été suspendu le 10 septembre.
Aucun motif concret pour une arrestation n’a encore été communiqué. Bo Le est probablement l’auteur chinois le plus connu de la séquence 2010-2020 et sa mise derrière les verrous indiquerait que les auteurs, même connus à l’international, doivent se conformer à la ligne du Parti [Voir PM de la semaine dernière sur la conférence relative à la mission des auteurs dans la nouvelle ère].
Shenzhou-19 en route
30 octobre, Jiuquan : La Chine a lancé l’engin spatial habité Shenzhou-19, envoyant trois astronautes – dont la première femme ingénieure spatiale du pays – vers sa station spatiale en orbite pour une mission de six mois.
La fusée porteuse, une LM-2F, a décollé à 4h27 (heure de Pékin) depuis le centre de lancement de satellites de Jiuquan, dans le nord-ouest de la Chine, a déclaré l’Agence spatiale habitée chinoise (CMSA).
Shenzhou-19 est la 33e mission du programme spatial habité de la Chine.
Un nouveau vocable apparaît: l’ “affairisme” [事务主义] – Shiwu Zhuyi
Baidu définit ce mot nouveau comme “une nouvelle forme de bureaucratie qui consiste à avancer sans avoir de plan et à ne pas distinguer les tâches importantes des tâches mineures”.
Le Quotidien du Peuple s’est fendu cette semaine [lien] d’une mise en garde contre le Shiwu Zhuyi, dont se rendrait coupable de nombreux cadres du PCC et qui “entrave le développement du pays”.
Ce mot n’avait pas reparu depuis un discours de Xi Jinping datant de 2021.
Le Quotidien du Peuple regrette le bas niveau de connaissance théorique des cadres du PCC, et leur incapacité à apprendre de leur erreurs, par la pratique. A demi-mot, l’organe officiel chinois blâme le faible niveau de compétence des dirigeants régionaux du PCC. Un problème récurrent, à en croire les titres et les mises en garde de ces officines de la propagande du gouvernement qui se succèdent depuis des années.
HarmonyOS NEXT, le découplage d’avec Androïd acté
22 octobre : « Dans la recherche et le développement de systèmes d’exploitation, nous avons fait en 10 ans ce que nos homologues européens et américains ont fait en 30 ans, et nous avons obtenu notre propre système d’exploitation, a déclaré Yu Chengdong, directeur général de Huawei, lors d’une conférence de presse.
But: “créer un écosystème comparable à celui d’Apple” (Vivian Toh, responsable du China Semiconductor Review Network Tech Tech China, dans une interview pour un quotidien singapourien).
Le système HarmonyOS Next [鸿蒙系统 5.0], débuté en 2019, a connu 5 itérations avant de connaître sa forme définitive présentée à cette conférence.
Il y a plus de 15 000 applications et services natifs de HarmonyOS sur l’étagère, soit une multiplication par 10 en quatre mois. Notons toutefois que la plupart de ces applications sont des versions test et ne possèdent que des fonctionnalités basiques. Et contrairement aux versions précédentes, qui maintenaient une compatibilité avec Android, cette nouvelle version est fermée.
Toute application sur son étagère doit donc être écrite en langage ArkTS, propre à HarmonyOS.
Selon les données de la société d’analyse industrielle Counterpoint Research, Hongmeng a dépassé iOS pour devenir le deuxième système d’exploitation de Chine au premier trimestre de cette année, avec une part de marché de 17,95 %, tandis qu’Android s’est classé premier avec 67,2 %.
Vague de fermeture de self-médias critiques de l’armée
28 octobre – Les autorités ont annoncé la fermeture d’une longue liste de médias [Sina], en majorité présents sur WeChat. Motif: leur position vis-à-vis de l’APL (Armée Populaire de Libération).
Ont été incriminés, notamment, des médias prétendant que la guérilla chinoise “n’a pas beaucoup heurté l’armée japonaise lors de l’invasion de la Chine” (révisionnisme historique), d’autres contestant la version officielle de telle ou telle bataille (dont le récit héroïque officiel de la fameuse bataille du lac de Changjin).
Ou encore: les accusations de malversation financière qui entachent régulièrement le haut commandement de l’APL.
En effet, en Chine, l’armée est largement intégrée au business via des SOE voire, au Xinjiang, par un contrôle quasi-total de l’économie locale.
Cette nouvelle charrette de censuré n’a rien de surprenant. Depuis des années, les self-médias sont sur la liste des autorités chinoises, après l’épuration et la censure des réseaux sociaux les plus populaires de l’époque, comme Weibo [Voir : Opération Qinglang : les médias indépendants en ligne de mire].
Pas d’Halloween à Shanghai
Shanghai, 27 octobre: Selon les rapports de la China Central Broadcasting Station et du TVBS News Network, les autorités de Shanghai ont déployé des forces de police à l’avance cette année pour renforcer le contrôle des activités d’Halloween et n’autoriser la tenue d’activités costumées que dans les grands parcs à thème comme Disney Park [ntv.co].
Sur la fameuse Julu Road, qui était le centre du carnaval de dragsters de l’année dernière, une clôture en fer d’environ un mètre de haut a été érigée le long de la route samedi soir. Un grand nombre de voitures de police et un grand nombre de policiers étaient stationnés au bord de la route.
L’édition d’Halloween de 2023 était, selon les observateurs, une réussite sans précédent, tant au niveau du nombre de participants que de la qualité des costumes.
Après que les autorités ont renforcé le contrôle des rues, un grand nombre de citoyens se sont rassemblés dans le parc Zhongshan samedi soir dernier. Ils se sont déguisés en divers personnages, dont la Statue de la Liberté, Chen Duxiu, Lénine et Staline, et certains ont crié « Liberté ». Le parc a ensuite été fermé par les autorités (il l’est toujours à l’heure où nous écrivons cette newsletter).
La raison de l’interdiction est double: d’abord, il s’agit d’une lutte contre l’influence culturelle étrangère, menée à bout de bras par Xi Jinping depuis son accession au pouvoir. Mais surtout, en 2023, le prétexte du déguisement pousse certains esprits retors à prendre l’apparence de figures politiques satirisées pour l’événement, ce qui n’a pas été du goût des autorités de Shanghai.
Comme souvent, la réaction des autorités est sans surprise: interdiction de circuler et censure.
N.H.
