Une année après l’immense amende anti-monopole infligée à la plateforme par le gouvernement chinois, l’entreprise annonce le licenciement de 400 employés en 4 mois. Où en est CNKI, l’ancien point de rendez-vous d’universitaires du monde entier ?
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L’année dernière, China National Knowledge Infrastructure (CNKI) reçoit une amende de 12,6 millions de dollars, soit 5% de son chiffre d’affaires intérieur en 2021, pour avoir abusé de sa position dominante sur le marché. L’Administration d’État pour la régulation du marché (SAMR) reproche à CNKI d’abuser de sa position dominante depuis 2014. Pour le quotidien d’Etat Guangming Daily, « briser le monopole de HowNet est une question de long terme, compliquée mais urgente ». En cause également, selon le Global Times, la possession de « données sensibles » par CNKI, qui échappent au contrôle d’Etat.
La base de données permettait aux universitaires et aux étudiants d’avoir accès à 95 % des revues universitaires chinoises depuis 1915.
Cette semaine, des instituts de recherche du monde entier – dont l’Université de Californie, San Diego, l’Université de Kyoto et la Bibliothèque d’État de Berlin – ont informé les affiliés qu’ils perdraient indéfiniment l’accès à la plateforme.
Depuis, les nouvelles se font rares, du moins jusqu’au ce mois de juin 2023.
[vc_empty_space height= »16px »][thb_title style= »style6″ title= »Un démembrement contrôlé »][vc_column_text animation= »animation top-to-bottom »]
L’annonce du licenciement de 400 employés par CNKI, la semaine dernière, a résonné comme un coup de tonnerre. En cause : l’entreprise demeure extrêmement rentable. On la surnomme même « la vache à lait de Tongfang Shares (actionnaire principal) ». Le signal envoyé est : « l’entreprise est en train de changer en profondeur ».
Dès le premier juin 2022, le CEO Wang Mingliang [王明亮] doit céder sa place à Liu Changxin [刘长欣], un illustre inconnu de la société jusqu’à son accession au poste suprême. Liu Changxin a été catapulté pour des raison politique à la tête de la plateforme. Et ce changement résonne avec la nouvelle ère que traverse la Chine. Là où Wang Mingliang était un « aventurier parti en mer » [下海], autrement dit un des entrepreneurs de la première génération à profiter de la Réforme et de l’Ouverture, Liu Changxin est un universitaire spécialisé dans la politique et la culture morale.
Dans le même temps, l’actionnaire majoritaire de CNKI change : China National Nuclear Corporation Capital Holdings Co., Ltd contrôle désormais plus de 30% de Tongfang, ce qui en fait le décisionnaire effectif du sort de CNKI.
Depuis l’amende, selon de nombreux employés de CNKI contactés par le média Hongxing, une bonne partie de la base de donnée de l’entreprise a été plagiée et proposée à la vente par des concurrents comme Chaoxing, Wanfang et VIP [超星、万方、维普]. Le prix de l’accès à CNKI a été considérablement baissé, mais pour une base de données disponible réduite par rapport à l’âge d’or de la plateforme.
En conséquence, la marge bénéficiaire de l’entreprise sur l’année 2023 a baissé à son niveau de 2005. L’enquête de Hongxing montre néanmoins qu’au cours des six derniers mois, environ 30 universités ou institutions [chinoises] ont acheté des bases de données CNKI, contre 3 pour Wanfang, 3 pour Chaoxing, et aucune pour VIP.
L’affaire CNKI n’est pas terminée ; à suivre.
