Now Reading
Comment s’informent les cadres du Parti ?

Comment s’informent les cadres du Parti ?

[vc_row][vc_column][vc_column_text]Dans cette colonne dédiée aux récentes publiques scientifiques, Pierre Sel revient sur un article du China Quaterly, sur la manière dont le Parti communiste reçoit des suggestions et analyses provenant du monde académique pour irriguer ses décisions et obtenir du capital politique. [/vc_column_text][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]

Les dernières décennies ont vu le renforcement d’une dynamique de coopération entre chercheurs et politiques. Créateurs de savoirs, les universitaires irriguent les décideurs politiques de leurs réflexions et des résultats de leurs travaux, éclairant sur les choix possibles. Les décideurs quant à eux ont besoin d’explications claires et précises sur une réalité économique et sociale toujours plus complexe. Dans un récent article du China Quaterly, Zhao Taotao (Shenzhen University) s’interroge sur les méthodes mises en place par le Parti communiste chinois pour ajuster ses sources d’information et disposer d’analyses précises sur les problèmes rencontrés par le pouvoir.

[/vc_column_text][thb_title style= »style6″ title= »Le système d’information consultatif »][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]

Pour répondre à ce besoin en informations, le PCC a institutionalisé une pratique de sollicitations d’avis universitaires sur des questions variées, créant une forme d’interdépendance entre les chercheurs et les cadres du Parti. Cette pratique est devenue un « système consultatif d’information », devenu si important que sa mise en place et la commission de rapport est devenu un critère de notation de la performance des cadres du Parti. Ce caractère obligatoire conféré au système d’information créé de facto une compétition entre les municipalités (et les universités entre elles) pour obtenir les meilleurs rapports (ou être sollicité par les administrations les plus importantes).

[/vc_column_text][vc_empty_space height= »18px »][thb_title style= »style6″ title= »Les instructions écrites (pishi) et leur pouvoir »][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]

C’est là où l’article de Zhao Taotao devient fascinant. Outil de pouvoir et élément clé du processus de décision, le pishi (批示 – instruction écrite) des élites du Parti est un sésame précieux. Par exemple, si la municipalité de Xiamen, au Fujian, propose un rapport politique sur une innovation dans la politique économique de la ville et que celui-ci reçoit l’approbation ou la considération du Premier ministre, c’est un gain de visibilité politique important. Un rapport recevant un pishi permet aussi l’obtention de ressources supplémentaires, financement universitaires, lancement d’un projet de politique public, etc. Ainsi, le pishi constitue une ressource politique importante. Un exemple célèbre est le pishi de Xi Jinping a un rapport sur la pauvreté au Jiangxi, qui a de facto lancé la campagne de lutte contre la pauvreté, politique nationale des dernières années.

Le problème pour les gouvernements locaux est que le Comité central du Parti et les dirigeants siégeant au Bureau politique reçoivent plusieurs milliers de rapports par ans, seuls quelques-uns reçoivent une attention particulière – un pishi. Pour maximiser les chances de recevoir ces rapports, l’alliance des cadres locaux du Parti avec les universitaires est cruciale. Pour les universitaires, au-delà du gain de prestige, recevoir un pishi d’un membre du Politburo ouvre la voix a des promotions mais aussi des gains financiers considérables (100.000 yuans pour un pishi du politburo) – soit presque l’équivalent du salaire annuel d’un professeur !

[/vc_column_text][vc_empty_space height= »18px »][thb_image alignment= »aligncenter » image= »24691″][/thb_image][vc_empty_space height= »18px »][thb_title style= »style6″ title= »Pour les chercheurs, une influence en trompe l’oeil »][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]

Pour les chercheurs toutefois, cette intégration à la procédure d’information consultatif du Parti n’implique pas une plus grande influence ou liberté de parole. Contrairement à la théorie en vogue selon laquelle le milieu intellectuel chinois est plus effervescent qu’il n’y parait, Zhao Taotao explique que ce système coupe davantage les chercheurs de leurs recherches universitaires, les forçant à se concentrer sur des formats et des problématiques différentes. Enfin, il faut noter qu’obtenir un pishi n’implique pas du tout une influence dans le processus de décision.

[/vc_column_text][vc_empty_space height= »18px »][thb_title style= »style6″ title= »Conclusion »][vc_column_text]

En conclusion, l’article de Zhao offre un excellent aperçu d’un système peu connu car confidentiel. Bien entendu, ce type de recherche est impossible pour la plupart des chercheurs qui n’ont pas un tel accès au terrain et ce type de connexion personnelle. Néanmoins, c’est une contribution importante à l’étude du rôle des intellectuels et chercheurs dans la prise de décision.

[/vc_column_text][/vc_column][vc_column][/vc_column][/vc_row]

© 2022 EastisRed - All Rights Reserved.
Website by MPA Studio - mentions légales

Scroll To Top