Drones militaires, SUV, journalisme menacé
Autorités chinoises: l’immobilier restera la locomotive de l’économie
17 novembre – Le ministère chinois du Logement et du Développement urbain et rural a fait savoir dans son outlet officiel que l’immobilier restera le “pilier” de l’économie chinoise [sina].
Sous la plume de Dong Fan [董藩], professeur à l’École de gouvernement de l’Université normale de Pékin, le ministère affirme que ce secteur économique “sous pression de l’opinion et des médias”, saura se réajuster. La crise de l’immobilier de 1997 est prise pour exemple: un redressement du secteur est attendu.
Cet article intervient alors que Evergrande achève sa lente agonie, et que les autres mastodontes du secteur luttent encore pour rembourser leurs dettes.
L’article n’est pas convaincant en soi (il ne cherche pas spécialement à l’être du reste), mais reste éloquent sur l’incapacité de l’économie chinoise à s’affranchir de ce secteur. Actuellement, l’immobilier pèse 14% du PIB chinois, sans compter tous les secteurs économiques annexes qui lui sont dépendants (ciment, équipementiers divers…).
C’est aussi le principal réservoir d’épargne pour les ménages chinois.
UE : les SUV chinois pourraient être exemptés de droits de douanes.
16 novembre – Fin octobre, l’UE a décidé d’ imposer des droits de douane supplémentaires pouvant aller jusqu’à 35,3 % sur les véhicules électriques importés de Chine pendant cinq ans.
Depuis, des négociations sont amorcées entre les deux partis. Selon le média officiel Yuyuan Tantian, un accord serait en passe d’être trouvé par une équipe technique Chine-UE après 5 rounds de consultation.
Selon Yuyuan Tantian, un “consensus technique” a été validé, et les deux équipes cherchent désormais à trouver une solution exécutoire. Concrètement, la Chine souhaite un abaissement des droits de douane sur ses SUV exportés en Europe. L’UE exige elle un prix à l’exportation acceptable pour les deux parties en échange d’une exemption des droits de douane de l’UE.
Des “professionnels chinois” se confiant au média d’Etat (donc à prendre avec des pincettes), indiquent que les Européens cherchent à “diviser les entreprises chinoises en négociant séparément avec elles”. L’union des entreprises chinoises sous la férule du ministère du Commerce et de l’Industrie chinois est une sage décision, acceptée par tous.
La Chine produit bien des drones militaires pour la Russie
18 novembre – L’Union européenne a obtenu des preuves concluantes selon lesquelles la région chinoise du Xinjiang produit des drones militaires pour l’armée russe et a demandé à Pékin de s’expliquer sur ce point.
Un haut responsable de l’UE a déclaré : « D’après les rapports que nous avons reçus de sources de renseignement, il existe une usine en Chine qui produit des drones destinés à la Russie et utilisés dans la guerre en Ukraine, mais les informations dont nous disposons se limitent à cela. »
Ces drones seraient conçus à des fins d’attaque plutôt que de reconnaissance.

Les ministres des Affaires étrangères de l’UE discuteront du renseignement à Bruxelles lundi 18 novembre. En cas de confirmation, cela serait considéré comme une escalade majeure du soutien militaire de la Chine à la Russie, et certains pays de l’UE exigeront une réaction ferme.
Du côté des médias chinois, il n”y a pas encore de réaction officielle mais l’écosystème médiatique contrôlé nie en bloc. “Il n’y a aucune preuve !” s’insurge notamment un reporter de Xinhua, dans un article reprit sur la plupart des plateformes.
Deux journalistes d’Etat attaqués en fonction. 5 personnes arrêtées.
14 novembre, Anhui – Deux journalistes de Xinhua, l’agence de presse officielle chinoise, ont été agressés alors qu’ils effectuaient un reportage dans la province d’Anhui. La police de l’Anhui a signalé que cinq personnes du département des projets du bureau n°7 du chemin de fer chinois ont été arrêtées.
Le motif de cette agression est obscure. Cela peut-être commandité par les responsables locaux de la SOE, qui ne voulaient pas d’une enquête sur la qualité de leurs produits. Cela peut aussi simplement être une réaction des travailleurs migrants (semi-illégaux) qui ne souhaitaient pas être filmés.
L’enquête journalistique en cours avait déjà collecté un certain nombre d’éléments incriminant la société de l’Anhui, qui rognait sur la qualité de ses produits afin d’accroître ses marges commerciales.

L’un des deux journalistes agressés est Wang Wenzhi, un reporter d’investigation bien connu, dont l’une des enquêtes a notamment fait tomber le magnat de Macao Zhou Zhuohua (Suncity).
Wang Wenzhi avait reçu cette année un prix de journalisme chinois pour ses enquêtes sur les risques majeurs cachées dans les défauts de fabrication d’un chemin de fer chinois (la voix Shandong-Lairong). De quoi susciter la méfiance des responsables du bureau n°7 inspecté.
Les journalistes d’investigations sont régulièrement harcelés en Chine, en particulier par les autorités chinoises [affaire du journaliste de Jimu News cette année]. L’agression de Wang Wenzhi, cependant, a marqué les esprits sur la toile chinoise. C’est une célébrité, sous pavillon “Xinhua” et donc à priori intouchable. “Même lui”, “Qui est à l’abri ?”, peut-on lire ça et là.
En réponse à cet incident, Gu Yonghua, ancien membre du groupe de direction du Parti et secrétaire du secrétariat de l’Association des journalistes de Chine, a déclaré que quiconque attaque des journalistes sera puni.
Voilà pour la semaine !
NH
