La Mongolie Intérieure en proie au jacobinisme de Pékin
Les premières secousses de 2020 laissaient entrevoir une mise en coupe réglée de l’éducation en Mongolie Intérieure. Nous voilà rendus à l’aboutissement de la politique de négation de l’autonomie de cette région par Pékin. Une politique qui se présente en faveur de l’avenir des enfants mongols au sein de la nation chinoise.
[vc_empty_space height= »16px »][thb_title style= »style6″ title= »L’Etat supprime l’enseignement de l’histoire et de la langue mongoles »][vc_column_text animation= »animation top-to-bottom »]
Ce 25 août 2023, L’Association de l’industrie de l’édition de livres et de périodiques de la région autonome de Mongolie intérieure [内蒙古自治区书刊发行业协会] a appelé la cessation d’une publication particulière: « L’Histoire des Mongols » [蒙古族通史], marquant une nouvelle étape dans l’effritement du particularisme de la Mongolie Intérieure. L’institution prétend agir en vertu de la nécessité « d’adhérer à une vision correcte de l’histoire du Parti et à lutter contre le nihilisme historique ».
L’ouvrage en question est pointé du doigt par les défenseurs du régime comme un livre « pro-mongol » qui nuit à l’unité nationale.

Selon Enghebatu Togochog, directeur du Centre d’information sur les droits humains de la Mongolie du Sud ( SMHRIC ), une série de livre mongols a été retiré des rayons publics dans la foulée.
Par ailleurs, avec la rentrée des classes 2023, nombreux sont les parents qui ont appris avec stupeur la suppression de la langue mongole dans l’enseignement. Désormais, la totalité des cours seront dispensés en mandarin. Sur un groupe WeChat mongol, on peut lire ce commentaire (rapporté par VoA): « Notre région a complètement perdu son autonomie. La raison pour laquelle nous, Mongols du Sud, n’avons pas recherché l’indépendance est que la Chine nous a promis l’autonomie. Je terminerai ce sujet ici car en discuter davantage pourrait me causer des ennuis. »
Selon la législation en vigueur, l’examen d’entrée à l’université mongole sera entièrement en chinois mandarin dès 2025. Pour justifier ce passage en force de la langue chinoise en Mongolie intérieure, le site officiel local s’est, pour sa part, fendu d’un article intitulé « Apprenez bien la langue commune du pays pour envisager un avenir meilleur« . Un professeur des écoles, Zhang Xiaowen, y témoigne sa fierté de contribuer à répandre la langue commune auprès des petits Mongols de sa Bannière (district mongol), qui pourront prétendre à de meilleurs études une fois le lycée terminé.
[vc_empty_space height= »16px »][thb_title style= »style6″ title= »Une reprise de la région initiée en 2020″][vc_column_text animation= »animation top-to-bottom »]
Les premiers présages de cette mise en coupe réglée remontent au plan de réforme du programme d’enseignement primaire publié en août 2020 par le gouvernement. Ce dernier prévoyait un usage élargi de la langue commune (le mandarin) dans l’enseignement, ainsi que le remplacement d’un certain nombre de manuels par les ouvrages communs au pays.
Cette réforme avait suscité une série de protestations, et d’arrestations de professeurs, parents et militants mongols. On estime qu’environ 300 000 manifestants ont fait entendre leur mécontentement dans la rue.
Cette fois en revanche, les réactions mongoles sont rares. L’exemple de la répression au Xinjiang tempère les ardeurs. On peut lire sur un forum « en 2015, au Xinjiang, des ouïghours ont essayé de créer un jardin d’enfant en langue locale. Devinez ce qui leur est arrivé !« . Ou encore: « ce sera comme au Xinjiang. Laissez entendre un peu de votre langue et toute la famille part en camp de concentration !« . Il est probable qu’un certain nombre de Mongols juge cette politique bénéfique pour l’avenir de leurs enfants.
Pour la masse de commentateurs Han, il n’y a pas sujet à polémique. L’un d’eux poste: « Mais quelle agitation ! L’existence de régions ethniques autonomes est déjà un signe de la bienveillance du Parti communiste. Regardez en Malaisie. Les Chinois représentent 40% de la population, et sont toujours l’objet de discriminations de la part du gouvernement là-bas« .
Noé Hirsch