L’affaire Messi en Chine
Le gouvernement chinois s’intéresse de près à l’attitude des célébrités internationales à l’égard de sa politique. Cette semaine, c’est le fameux footballeur Messi qui en fait les frais.
Origine de la polémique: Lors du match amical de l’Inter Miami contre Hong Kong United le 4 février, Messi n’est pas apparu dans le match.
Le média d’État chinois Global Times (qu’on ne présente plus) monte au créneau, suggérant que les raisons de son absence sont politiques.
Malgré un démenti de l’intéressé sur son Weibo (19 février), rejetant toute motivation politique et soutenu en ça par la Fédération mondiale du Football, les médias chinois n’ont pas décoléré.
Xinmin Evening News » [新民晚报] a publié mardi 20 février un article d’opinion intitulé « Messi, plus besoin d’expliquer » [梅西，不用再解释了], afin d’enfoncer le clou. Tout y passe. Accusation de motivations vénales, de militantisme politique, conspirationnisme de bas étage et appel à se désintéresser des “Ronaldos et des Messis” pour faire en sorte, qu’un jour, la Chine puisse produire ses propres stars.
Chishuihe Liquor [赤水河酒], qui commercialise des produits sponsorisés par Messi, a été obligé de retirer ses produits des étagères de la Chine continentale.
Les images de Messi ont été retirées des programmes télévisés.
L’affaire est intéressante, en ce qu’elle révèle la nature des chiens de garde du pouvoir dans la Chine de 2024, et l’escalade de zèle pour complaire au gouvernement que suscite ce genre d’affaire artificiellement gonflée et objectivement négligeable.
Viols et harcèlement dans le patinage artistique en Chine
Le patineur professionnel chinois Liu Xinyu [柳鑫宇] a dénoncé, sur son compte instagram, l’équipe de patinage du Jilin et l’équipe de patinage nationale, coupables de “soudoyer des arbitres” et de “commettre et couvrir des viols sur mineurs”. Chose à noter, Liu Xinyu se dénonce lui-même dans ce post comme coupable de viol.
Le post en question annonçait une suite, avec dénonciation nominale, mais a été supprimé entre-temps.
La partenaire de danse sur glace de Liu Xinyu, Wang Shiyue, a annoncé sur Weibo que le compte de réseau social étranger du danseur a été piraté, et que le contenu publié n’avait pas été publié par lui.
La Chine demande aux étrangers d’investir dans le Xinjiang.
19 février, conférence de presse : le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning [毛宁], dénonce les forces étrangères qui répandent des rumeurs délétères vis-à-vis de la province du Xinjiang. En particulier, le “sois-disant travail forcé” qui y a lieu.
“Sous couvert des droits de l’homme, on cherche à créer un « découplage forcé », un « chômage forcé » et un « retour forcé à la pauvreté » au Xinjiang. Ce complot n’aboutira pas”, a-t-il déclaré.
Récemment, Volkswagen et BASF ont annoncé céder leurs intérêts commerciaux locaux en raison des inquiétudes concernant le travail forcé au Xinjiang. Sous pression de l’opinion internationale, les entreprises qui choisissent de quitter la région se multiplient.
Le ministère chinois des Affaires étrangères est monté au créneau en personne, en affirmant espérer que ces entreprises concernées reviendront sur leur décision, et profiteront de l’opportunité d’investir et se développer au Xinjiang.
Voitures électriques : EU et USA se méfient, le gouvernement chinois s’agite.
Alors que les États-Unis envisagent d’autres moyens que les droits de douane pour restreindre l’importation de voitures intelligentes chinoises et de pièces associées, l’Union européenne mène son enquête compensatoire sur les véhicules électriques chinois.
Le 20 février, le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, s’est indigné de cette politique protectionniste occidentale.
“Les échanges commerciaux normaux doivent suivre leur cours. Au nom de « l’élimination des risques« , vous ne cherchez pas à courir plus vite, mais simplement de faire trébucher les autres”. Un nouveau terme est trouvé: se réfugier dans “un petit village aux hauts murs” [小院高墙].
Voilà pour la semaine !
Noé
