Une collision en mer très politique
Cette année, la Chine teste les frontières maritimes de Taïwan
Le moratoire de trois mois et demi sur la pêche en Chine continentale vient de prendre fin. Les garde-côtes de Taiwan ont annoncé que des dizaines de milliers de bateaux de pêche du continent ont envahi les eaux proches de l’île de Dongding (17 août), dans la ZEE taïwanaise.

L’un de ces navires [ref: Min Long Yu 60877] a été coulé à la suite d’ une collision dont l’origine nous est inconnue. 4 marins ont été secourus en mer par les autorités taïwanaises. L’un d’entre eux est décédé des suites de ses blessures. 3 autres ont été perdus en mer [FocusTaiwan].
Il s’agit du troisième naufrage dans les eaux de Jinxia [金厦海域] cette année. A chaque fois, il s’agit de bateaux battant pavillon chinois et chavirant soit par accident, soit dans le cadre d’une course-poursuite avec les gardes-côtes taïwanais.
L’usage de cohortes de bateaux civils est une pratique récurrente chinoise pour contester les ZEE de ses voisins dans la région de la mer de Chine.
Approche d’un plan d’identification liberticide
Les autorités chinoises veulent mettre en œuvre une « authentification de l’identité en ligne » générale. Le projet en est encore au stade de la sollicitation d’avis, mais des applications de certification ont déjà été testées dans plusieurs applications majeures.
Ce système consiste à lier une pièce d’identité, une reconnaissance faciale, un numéro de téléphone (chinois) pour aboutir à une authentification. Ce n’est que passé l’identification par ces trois éléments que les usagers pourront se connecter à divers applications de messagerie, comme WeChat, RED, ou Taobao.
Le but est de mieux contrôler les usagers de ces réseaux sociaux, par où l’écrasante majorité des échanges et des discussions se font [Zibo].
Quelques voix dissidentes ont essayé de s’élever. Shen Kui [沈岿], professeur à la faculté de droit de l’Université de Pékin, a publié ses inquiétudes sur son compte public WeChat pour cette prochaine suppression massive de la liberté des internautes [dont les comptes seraient ‘totalement nus’ (完整裸露) ]. L’article a été effacé.
Semi-conducteurs
Le gouvernement chinois met les bouchées doubles
En réponse au blocus américain sur la technologie des puces, le gouvernement chinois a considérablement augmenté les subventions dans cette industrie décisive pour l’indépendance nationale.
Selon les statistiques des médias de Hong Kong, les 25 principales sociétés chinoises de semi-conducteurs ont reçu un total de 20,53 milliards de yuans de subventions gouvernementales l’année dernière, soit une augmentation de 35 % sur un an [zbao].
Principal bénéficiaire: Huawei. 7,3 milliards de yuans de subvention cette année, un chiffre en augmentation constante depuis trois ans. L’entreprise annonce déjà quelques résultats. Notamment un processeur, « Ascend 910C », que Huawei compare à la puce H100 lancée par Nvidia l’année dernière, qui ne peut pas être vendue directement en Chine.
Retour de la Covid ?
Les signes chinois
De nombreux endroits en Chine ont récemment organisé des exercices d’urgence pour les clusters de « pneumonie d’origine inconnue ».
La Commission municipale de la santé du district de Shijingshan de Pékin a assuré que l’événement concerné était un exercice de routine [yicai].

Ce genre d’exercices se multiplient depuis au moins début juillet [Nanjing] mais le fait que Pékin en ait organisé a attiré l’attention sur ce phénomène. Selon TVBS, plus de 10 000 nouveaux cas ont été identifiés en juillet au Guangdong, ce qui laisse planer la menace d’un confinement [TVBS].
Un étudiant en droit à Zhengzhou, Yuan Cheng, témoigne sur son blog: “je me baladais et tout à coup, je tombe sur un panneau où je lis: exercice pour lutter contre une épidémie de pneumonie d’origine inconnue. Je ne m’y attendais pas. A peine rentré, je regarde sur internet, et je vois tous les posts qui parlent de la reprise épidémique dans le Guangzhou…” [不明肺炎的新观察].
A suivre.
Usage de VPN condamné
100 euros d’amende
Cela peut paraître anodin. Mais c’est une première, en tout cas à ce point médiatisé dans les journaux chinois. Un homme a été condamné par la police du Fujian à verser 100 euros d’amende (15 000 yuans) pour s’être servi d’un VPN et pour avoir contourné la “Grande Muraille Numérique” chinoise.
Jusqu’ici, l’usage de ces outils allait de soi. Il est impossible de croiser un usager quotidien d’un smartphone qui n’en a pas trois ou quatre VPN téléchargés, et prêts à servir.

La police envoie donc un signal. Le seuil de tolérance continue de baisser, et la zone grise ne bénéficie plus de la même indulgence administrative qu’autrefois.
Le communiqué de la police concernée (comté de Shouning) est savoureux. On y lit notamment ce passage, qui nous rappelle les différences abyssales entre les diverses régions de Chine :
“Nous rappelons qu’internet n’est pas un espace de non-droit, et que le web étranger comporte des informations préjudiciables, telles que des superstitions féodales [宣传封建迷信], de l’indécence, de l’obscénité et de mauvaises informations.” [CNbeta].
NH
