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Les Beipiao(s), aventuriers de Pékin

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Les Beipiao(s), aventuriers de Pékin

Beipiao [北漂] : le terme désigne les immigrés de l’intérieur montés à Pékin à la recherche d’une vie meilleure. Il signifie littéralement « ceux qui dérivent à Pékin ». Bien souvent dépourvu de réseau, confrontés à une ville tentaculaire de plus de 20 millions d’habitants, les beipiaos reviennent vite de leurs illusions. Nous avions d’ailleurs abordé leurs conditions de vie dans notre article [Une heure de trajet pour aller au travail]. Retour sur une population ignorée. 

[thb_title style= »style6″ title= »Pékin, la ville de tous les possibles »][vc_empty_space height= »18px »]

Difficile d’obtenir des chiffres précis sur cette population – depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, les articles reportage de qualité sur la société chinoise ont drastiquement diminués en nombre comme en qualité. Heureusement, Une longue enquête du Beijing News datant de 2014 nous est parvenu.

Les Beipiaos viennent pour l’environnement de travail, où les salaires sont parmi les plus élevés du pays, mais surtout l’égalité des chances. Dans les provinces, les cooptations et l’importance du réseaux laissent en marge du progrès un certain nombre d’actifs, qui viennent tenter leur chance en métropole. Une majorité d’entre eux sont issus de la classe moyenne, et le reste se divise entre enfants de parents dans le business et de paysans.

La ville dispose en effet d’attraits: un salaire moyen de 1 150,26 €, contre 600 à Qingdao par exemple, ou 913 à Urumqi. Un réseau important de contacts potentiels, surtout dans les carrières administratives. Enfin, des chantiers, des travaux, un dynamisme propre à cette vitrine chinoise qui souhaite se tourner vers le monde.

[thb_title style= »style6″ title= »Se réveiller chaque matin sans attentes de la vie »][vc_empty_space height= »18px »]

« Vivre seul à Pékin est un défi, une expérience de vie rare » témoignait déjà Mr Shui dans l’enquête du Beijing News.

Pour beaucoup, la désillusion est de taille.

« Je suis un Beipiao en larme. J’ai trente ans, des enfants et un mari dans le Nord-Est. Je suis à Pékin et je n’ai ni amis, ni maison, ni permis de résidence, ni voiture« . Sur le fameux forum Zhihu, un post collecte des milliers de like et de commentaires. Une femme, montée à Pékin pour améliorer ses conditions de vie, raconte la dépression que lui suscite la ville.

« Pourquoi ai-je quitté ma ville natale et mon copain? Que se serait-il passé si j’avais poursuivi mon doctorat ? (…) Si j’avais réussi mes examens ? « . Pour beaucoup, une décennie de travail acharné passe sans les accomplissements espérés; la famille s’inquiète, les problèmes s’accumulent.

Difficulté de s’enregistrer, obstacle aux accès aux services publics et aux soins, à l’éducation, étanchéité du réseau pékinois; depuis 20 ans, les vagues successives de Beipiao ont buté sur ces écueils, consciemment laissés en l’état par le gouvernement.

[thb_title style= »style6″ title= »Un esprit aventureux, une culture à part »][vc_empty_space height= »18px »]

Dans les années 2010, un jeune poète itinérante fait sensation en publiant un recueil de poèmes sur la vie de Beipiao: il s’agit de Tang Liangchao [唐良超], après 8 années d’errance dans la ville et de vie en sous-sol, dans les souterrains de la ville. Comme lui, beaucoup de nouveaux venus cherchent deux ou trois mètres carrés dans les boyaux de la ville. C’est d’ailleurs l’objet de l’enquête du livre Le peuple des rats, de Patrick Saint-Paul (Grasset).  Tang Liangchao représente l’esprit romantique, romanesque d’une frange des Beipiaos venus à la capitale pour accomplir leur rêves. Comme lui, artistes peintres et sculpteurs émergeront progressivement des catacombes, fort de leur culture « underground » et de leur expérience spécifique de Beipiao.

Des galeries s’emparent du phénomène. Pour exemple, cette exposition, intitulée « Beipiao: à la poursuite d’un rêve ou bien rêve brisé ? » qui illustre bien la croisée des chemins pour cette population mal-aimée, méconsidéré, et devenue progressivement indésirable.

« Beipiao : Rêve poursuivi, rêve brisé ».

Mais la culture Beipiao a pris un grand coup, en 2017. Tout commence avec un incendie due à l’insalubrité d’un quartier dit « bas de gamme » [低端] peuplé d’émigrants. Cai Qi, alors maire de Pékin, et aujourd’hui au Politburo aux côtés de XJP [voir notre article dédié], décide de mettre un terme à cette situation. Fini les bidonvilles, les sous-sols habités. L’intransigeant maître de la capitale fait tout raser, et sans préavis. Son ton fait alors forte impression.

En quelque mois, la culture Beipiao « traditionnelle » est rasée de Pékin, au même titre que les hutongs tant affectionnées par les expatriés français de la capitale chinoise. Des dizaines de milliers de Beipiao sont expulsés manu militari de la région, en plein hiver.

[thb_title style= »style6″ title= »Et aujourd’hui ? « ][vc_empty_space height= »18px »]

Le concept de Beipiao a pris du plomb dans l’aile. La difficulté de tracer son chemin à la capitale, couplée aux obstacles administratifs, surtout depuis le passage de Cai Qi à la tête de Pékin, ont largement contribué à abimer ce « rêve ». Les lieux de concentrations visible de ces chercheurs de fortunes, comme le grand marché de Dahongmen, dont désormais polis, lissés, vidés de leur présence.

Le marché de grossistes en vêtements de Dahongmen, photo de 2014 - un ancien chef-lieu de Beipiao, aujourd'hui transformé.
Le marché de grossistes en vêtements de Dahongmen, photo de 2014 – un ancien chef-lieu de Beipiao, aujourd’hui transformé.
« Avec le développement de Hangzhou, Shenzhen, Chengdu, Chongqing et d’autres villes, il existe de nombreuses opportunités qui valent bien Pékin, et l’enregistrement des ménages, les prix des logements et les opportunités d’emploi dans certaines villes de second rang sont plus attrayants« , explique l’internaute 梁舍城, Zhihu.
Sur les réseaux, d’anciens Beipiaos expliquent les raisons de leur départ. Ville trop grande, impossible d’acheter un logement, obligation d’avoir une voiture, pollution, stress. Il ressort surtout que la ville ne correspond plus réellement aux aspirations de la jeune génération, qui souhaitent en partie un cadre de vie agréable.
Aujourd’hui, la capitale attire les provinciaux avec de haut niveaux de diplômes. L’époque du Beipiao romanesque, poète, ou ouvrier, disparaît. A l’image de la vieille ville de Pékin, écrasée par la volonté politique d’en faire une capitale moderne, une vitrine du succès du développement de la Chine. Mais cette culture renaît ailleurs. Les aventuriers cherchent au Xinjiang, en Mongolie Intérieure ou même à l’étranger. Le terme de Beipiao est même décliné en version américaine: les Meipiao [美漂].

Noé Hirsch

 


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