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Panda, Alcool de Riz et PCC #1 – Les chinois & Taiwan

Panda, Alcool de Riz et PCC #1 – Les chinois & Taiwan

Panda, Alcool de Riz et PCC

Panda, Alcool de Riz et PCC est une colonne de Camille Brugier, visant à introduire des articles scientifiques à une audience plus large. Ses publications sont à retrouver sur son fil Twitter.

Alors qu’il semblerait que les Taïwanais se disent en majorité favorables à la prolongation du statu quo actuel entre la Chine continentale et leur île, que savons-nous de la position des citoyens chinois sur l’objectif “historique” du PCC – la réunification avec Taïwan?

Que pensent les Chinois de la politique de leur pays vis-à-vis de Taïwan ?

L’étude menée pose la question suivante: êtes-vous favorables à la politique chinoise actuelle vis-à-vis de Taiwan, et donc à l’usage de la force dans les conditions édictées par la loi anti-sécession de 2005? Les conditions édictées dans cette loi sont floues : pour Pékin, si Taiwan déclarait son indépendance (ou développement « similaire ») ou si tout espoir d’une réunification “pacifique” était anéanti, alors l’usage de la force pour soumettre l’île serait justifié.

Les personnes les plus favorables à la politique continentale d’usage de la force contre Taïwan sont des hommes éduqués (haut niveau d’étude, haut revenus, membres du parti, hukou urbain) ayant une perception défavorable du gouvernement taïwanais. Or, il est généralement admis que le niveau d’étude est souvent corrélé à des positions moins belliqueuses! Les auteurs expliquent qu’en Chine plus les études réalisées par un individu sont longues, plus il est exposé longtemps à la propagande gouvernementale passant par les institutions éducatives, d’où un soutien accru des personnes ayant de hauts niveaux d’éducation à la politique taiwanaise de la Chine. En ce qui concerne la perception négative du gouvernement taiwanais, l’ensemble des citoyens chinois sont soumis à une propagande anti-gouvernement taiwanais via les médias. Cependant, pour les habitants des villes côtières, cette propagande est contrebalancée par un sentiment de plus grande proximité culturelle avec Taïwan et une perception accrue des risques individuels liés à une guerre potentielle (perte d’emploi, mobilisation militaire, etc.) de part la proximité géographique avec l’île. Cela explique le plus faible soutien des habitants géographiquement plus proche de Taïwan.

Malgré la nature du régime chinois, plusieurs études (comme ce livre ou cet article) ont montré que l’opinion publique jouait un rôle dans les décisions du Parti, notamment en temps de crise (montée des tensions avec le Japon 2005, montée des tensions avec les Etats-Unis à la fin des années 90). A plusieurs reprises, le gouvernement chinois a été obligé d’autoriser temporairement la haine (anti-japonaise et anti-américaine) à se déverser dans la rue puisqu’elle devenait impossible à contenir et risquait de créer de “l’instabilité politique”. L’opinion publique, réelle ou perçue, pourrait contraindre les dirigeants chinois à prendre des décisions plus radicales que celles envisagées au départ. Cette autre étude explique dans quelles conditions cela pourrait être le cas. Le PCC ne peut donc pas complètement ignorer ce que pense la population chinoise.

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Les résultats de l’article montrent que le gouvernement chinois a deux leviers majeurs pour mobiliser le soutien à sa politique de plus en plus agressive envers Taïwan: la propagande via l’éducation et le “bashing” du gouvernement taiwanais dans les médias. Actuellement, il actionne les deux leviers.

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