La Chine avance à visage découvert au Conseil de Sécurité
“Il faut douter de la sincérité des EU vis-à-vis du cessez-le-feu à Gaza”. C’est en ces mots que le numéro 2 chinois à l’ONU, Geng Shuang [更爽], s’est exprimé le 26 mars. “L’abstention américaine lors du vote, analysent les médias d’Etat, est à saluer, mais ce mouvement est contrebalancé par toute une série de déclarations officielles [pro-Israël]” [Fédération des Femmes].
Depuis des semaines, la Chine tire à boulets rouges sur les EU au sein du Conseil de sécurité, profitant du Momentum avantageux que lui confère la guerre Israël-Palestine. Epaulée par son allié Russe, la Chine est parvenue à faire proposer au conseil une réunion publique des “25 ans du bombardement de la Yougoslavie par l’OTAN”.
Lors de ces bombardements, l’ambassade de Chine avait été touchée et deux fonctionnaires avaient perdu la vie. Geng Shuang, encore lui, déclare alors: “Le peuple Chinois n’oubliera jamais le bombardement de l’ambassade de Yougoslavie” [Xinhua], montrant encore un peu plus combien la Chine vient à l’ONU défendre, comme toutes les parties d’ailleurs, ses propres intérêts.
C’est certain, dans une certaine mesure, la Chine a pris de l’envergure à l’aune de cette guerre dans le concert des nations. Elle est servie, en cela, par ses agents habituels. Notons notre inénarrable JP. Raffarin qui déclare à la presse chinoise “la Chine est un pays pacifique auquel tous les pays font confiance” [01/04]
Mais ce conflit n’éloigne pas la Chine de ses zones d’intérêts prioritaires, à commencer par le Soudan. Premier partenaire commercial du pays [RFI], la Chine s’intéresse à la production pétrolière du pays depuis le début du XXème siècle [Influence sans ingérence : les relations de la Chine avec le Soudan], et dépêche, sous égide de l’ONU, un grand nombre de troupes de maintien de la paix sur zone [APL] (la mission MINUATS a pris fin en décembre 2023).
La Chine avait d’ailleurs, à l’époque, organisé l’évacuation militaire de ses ressortissants sur place [voir mon article de l’époque].
L’Ambassadeur Dai Bing (Chargé d’affaires de la Mission permanente auprès des Nations Unies), a appelé le Conseil à promulguer le Cessez-le-feu au Soudan (07-03-2024) et à régler la situation de crise, dans un silence et un désintérêt frappant.
XJP en goguette
Opération plantage d’arbres. L’équipe du politburo au complet s’est retrouvée pour un peu d’exercice, ce 3 avril 2024 dans la périphérie de Pékin pour participer à l’opération “plantage volontaire d’arbre”.

Le chef de l’Etat a mis la main à la pâte, en compagnie d’une équipe des “jeunes pionniers” [少先队].
L’information n’a pas d’intérêt, mais un peu de légèreté, parfois, ne fait pas de mal.
Force chinois au Liban – com au beau fixe
FINUL – le 22ème détachement du génie de l’armée chinoise fait parler d’elle. Les médias militaires chinois ne tarissent pas d’éloges pour parler de leurs représentants à l’international. Rénovation rapide d’un poste d’observation militaire (02/04), exercice pour repousser l’attaque du camp par de ‘faux réfugiés” (02/04), mais également mise en place d’une clinique de médecine gratuite au sud du Liban (26/03), constructions diverses et variées (25/03), et formation gratuite à la langue chinoise dans des collèges libanais (25/03).

En plus de permettre à ses troupes, le plus souvent novices, d’acquérir un peu d’expérience militaire, ces missions permettent au gouvernement chinois s’appuyer sa stratégie d’expansion et de soft power dans des régions qui lui sont stratégiques. L’attention dont bénéficient ses casques bleus témoigne de leur importance dans ce processus.
Le récif de Ren’Ai conserve son potentiel de déclencheur de crise
“La question du récif Ren’Ai, ce n’est pas de savoir qui est petit et qui est grand, mais qui a raison, et qui est tort !”.
Wang Wenbin, porte-parole du Mindef, appuie encore sur ce clou (03/04): “[un] navire de guerre philippin a accosté le récif de Ren’ai en 1999 au détriment de notre souveraineté. 25 ans plus tard, non seulement ce problème n’est pas résolu, mais les Philippines ont encore commencé à renforcer des installations militaires sur l’îlot”.
La Chine accuse les Philippines de deux torts: (1) complexifier la question de la mer de Chine du seul fait de leur “égoïsme”. (2) Inciter des puissances étrangères à l’ingérer dans ce conflit larvé.
D’ailleurs, les médias chinois d’influence à l’étranger n’ont pas manqué de déployer leur propagande, notamment en français, ces derniers jours (CRI, CGTN).
A surveiller.
Les journalistes posent problèmes. Utilisons l’IA
Les médias militaires mettent en place une journaliste virtuelle pour conduire, désormais, les interviews.
En suivant ce lien, vous pourrez trouver un exemple de cette nouvelle pratique. Son nom ? Mulan [穆兰].

Le journalisme a pu laisser une trace dans la mémoire du pouvoir en Chine. Entre 1990 et le début des années 2000, les journalistes pouvaient être de vrais faiseurs de rois, par leur réseau, à l’heure de l’ouverture de la Chine au capitalisme. Progressivement, le PCC épure la sphère journalistique, d’abord en renforçant la censure sur les médias officiels (depuis 2012), puis les médias semi-libres sur WeChat notamment (voir notre article sur l’opération Qinglang) depuis 2020 au moins. Désormais débute le remplacement pur et simple du journaliste par une AI acquise à tous les principes du régime.
C’est tout pour cette semaine !
Noé
