Les bornes du pacifisme et du bellicisme doivent être respectées sous Xi Jinping
Liu Yazhou [刘亚洲], écrivain militaire célèbre en Chine pour ses positions ultra-bellicistes, ancien général et commissaire politique, pourrait être condamné à mort avec sursis, selon des informations en provenance de Hong Kong. Le pamphlétaire avait disparu en 2021. Accusé de corruption, sans doute avérée.
Agé de 70 ans, Liu Yazhou a rejoint l’armée en 1968 et a commencé à publier des ouvrages en 1978. Il a rejoint l’Association des écrivains chinois en 1984. Depuis 1997, il a été successivement directeur du département politique de l’armée de l’air de la l’ancienne région militaire de Pékin, le commissaire politique de l’armée de l’air de l’ancienne région militaire de Chengdu, commissaire politique adjoint de l’armée de l’air et secrétaire du comité de discipline. Il a été commissaire politique de l’Université de la Défense nationale en décembre 2009 et a pris sa retraite en 2017.
Liu Yazhou représente sans doute la relative liberté de ton qu’ont esquissée les ères de Jiang Zemin et Hu Jintao. C’est sous ces deux président qu’il a publié ses critiques les plus véhémentes à l’endroit des « problèmes contemporains » [时弊], se désignant comme un intellectuel « soucieux du peuple et de la patrie » [忧国忧民].
[thb_title style= »style6″ title= »Une arrestation très politique »][vc_column_text animation= »animation top-to-bottom »]Liu Yazhou n’est pas n’importe qui. C’est un Prince Rouge, la « faction » de Xi Jinping selon beaucoup, qui démontre son manque d’homogénéité arrestations après arrestations. Son père, Liu Jiande, était le commissaire politique adjoint du département de la logistique de la région militaire de Lanzhou. Le père de son épouse était lui l’ancien président du PCC, Li Xiannian.

C’est aussi un militaire. Xi Jinping (et plus largement Zhongnanhai) se méfie de cette caste particulière, où les privilèges semblent s’hériter, et dont l’influence politique reste incontournable. L’incident du ballon espion du PCC en février démontre les problèmes de communication entre le gouvernement et l’armée.
Enfin, Liu Yazhou est un écrivain, qui n’a pas mâché ses mots pendant les 20 années qui ont précédé l’arrivée au pouvoir de Xi. Il adopte une posture patriotique, irrédentiste, qui dépasse l’identité de l’homme au pouvoir pour viser l’entité « Nation ». Une position qui a pu être partagée dans les hautes sphères de l’armée.
Et notamment à l’égard de Taïwan. Liu Yazhou, à instar de nombreux militaires, vit l’indépendance de Taïwan comme une insulte et a pressé pendant des décennies une opération militaire de reconquête. Lucide, Liu comprend l’embrasement régional généralisé qu’une telle opération pourrait susciter (impliquant notamment l’Inde et les Etats-Unis), ce qui ne le décourage nullement.
[thb_title style= »style6″ title= »Mettre l’armée au pas, les temps ont changé »][vc_column_text animation= »animation top-to-bottom »]Depuis début 2023, les Quotidiens militaires (81.cn – 18 janvier) et Xinhua (13 février) ont publié une série d’annonce indiquant le renforcement de la responsabilité politique des commissions disciplinaires au sein de l’armée. Et notamment, les présidents de commissions. Autrement dit, la répression politique au sein de l’armée est considérée insuffisante par Zhongnanhai. Pression est mise sur les présidents de commission d’accélérer le mouvement de purge.
Et peut-être que ces vieux va-t-en-guerre n’amusent désormais plus la galerie de Zhongnanhai. Peut-être que la génération des irrédentistes dérangent à l’heure d’une Chine qui se veut championne des options pacifistes dans le monde. Leadeuse des pays en développement. Liu Yazhou n’a pas senti à temps que l’ère des Princes Rouges intouchables et des opérations militaires de masse était peut-être bien révolue.
Noé HIRSCH