Rapport financier du quatrième trimestre 2022 de NetEase: EGG PARTY [蛋仔派对] devient le jeu avec le plus grand nombre d’utilisateurs quotidiens de l’histoire des jeux NetEase: plus de 30 millions.
Auteur: Noé Hirsch
[vc_empty_space height= »16px »][thb_title style= »style6″ title= »Un jeu pour les enfants… avec de l’argent »][vc_column_text animation= »animation top-to-bottom »]C’est un jeu aux allures de cartoon. Interdit aux moins de 8 ans, il séduit les enfants de primaire en masse. Nés avec internet, cette population est capable de contourner les lois anti-addiction promulguées en Chine, qui n’autorise les joueurs qu’à des créneaux d’une heure par jour, le Week-End. Certain dépensent des sommes faramineuses dans le jeu, et posent un vrai défi à leurs parents. Il suffit de transférer de l’argent du WeChat des parents, avant de le dépenser in game. Un jeu d’enfant pour la plupart des jeunes du nouveau millénaire.

A l’inscription, le joueur créé un alter ego en forme d’œuf. L’évolution se mesure à la taille de l’oeuf (caille, pigeon, jusqu’au phœnix). Les skins se paient. Ce modèle est inspiré d’un business model popularisé par la messagerie QQ, qui a propulsé Tencent, et des jeux occidentaux comme Leagues Of Legend. Dans le jeu, un tirage au sort de skin à l’occasion d’un événement temporaire peut monter à 150 yuans (19 euros). Un concept vague pour un enfant, mais pour certaines familles en Chine, il s’agit du revenu mensuel !
[vc_empty_space height= »16px »][thb_title style= »style6″ title= »Un piège pour les enfants aux parents absents »][vc_column_text animation= »animation top-to-bottom »]Comme nous l’avons plusieurs fois décrit dans divers articles EIR, le modèle économique chinois, et notamment le choix de maintenir une vaste population flottante prive un nombre extrêmement important d’enfants de la présence de leurs parents. Livrés à eux-mêmes, ou simplement sous la supervision élastique de grands-parents, ils tombent aisément dans l’addiction de ces jeux où la sociabilité prime.
Le jeu comporte aussi un mode de jeu compétitif, où la valeur des skins est particulièrement valorisée. Le désir de paraître dans les panthéons des joueurs les plus en vue pousse à la consommation. Le gloire in game rejaillit aussi sur les enfants à l’école. A l’instar des carte Pokémons pour la génération de 90′ en France, les joueurs les mieux dotés sont valorisés dans la cour de récréation, où le jeu devient un des principaux liants sociaux.

Et les parents sont impuissants. A Fangchenggang, Guangxi, un mère témoigne [每日人物]: « mon mari travaille de nuit, et je tiens un magasins de fruits le jour. Nos enfants sont abandonnés à eux-mêmes (…) ». Elle engrange péniblement 800 yuans par mois (environ 100 euros). « Alors, dit-elle, quand j’ai vu que mon aînée a dépensé plus de 6000 yuans dans le jeu (770 euros), mon cœur m’a fait mal, j’ai failli mourir de colère! Et mon mari m’a reproché d’avoir mal éduqué mes enfants« .
[vc_empty_space height= »16px »][thb_title style= »style6″ title= »Pour contourner la loi, les enfants deviennent de vrais hackers »][vc_column_text animation= »animation top-to-bottom »]Pour contourner la loi, les enfants s’approvisionnent souvent sur les plateformes « grises » pour trouver des cartes d’identités de majeurs factices. En Chine, il existe d’innombrable vendeurs au noir de comptes WeChat et de fausses identités. C’est le corolaire d’une société où toutes les applications requièrent tôt ou tard une identification formelle, documents à l’appui.
D’autres utilisent simplement les papiers de leurs frères, sœurs, et parents. Avec l’absence de reconnaissance faciale, les barrières légales chinoises sont peu probantes jusqu’ici, et EGG PARTY vient appuyer ce triste constat. Pour payer, les enfants utilisent aussi le compte de leur parents grâce à l’emprunte digitale, quand ils ne dérobent pas simplement le mot de passe.
Ces facilités suscitent l’émergence d’un nouveau business en Chine:
Zhou Zhou est un employé d’un organisme de remboursement. Les agences de remboursement pour jeux pour mineurs. Zhou Zhou [周舟] en a fondé une, en 2017. Selon lui, depuis l’épidémie, les consultations et les acceptations liées aux remboursements ont commencé à augmenter de manière significative. En un mois au maximum, plus de 60 familles sont venues confier le remboursement des frais, et le nombre de consultations par mois se comptent en milliers. Ce n’est pas une tâche aisée. NetEase repousse et cherche à empêcher les remboursement. « Qui veut rendre l’argent qui est déjà dans sa poche« , regrette Zhou Zhou.
Noé HIRSCH