A la suite de l’article publié la semaine passée, nous continuons d’explorer les bouleversements du marché de l’emploi chinois.
Nous sommes heureux de vous présenter un second article de Xavier, cette fois consacré aux difficultés des étudiants chinois rentrés de l’étranger.
Bonne lecture,
[/vc_column_text][vc_btn title= »Nos services » style= »classic » color= »juicy-pink » align= »center » link= »url:http%3A%2F%2Fwww.eastisred.fr%2Fservices||| »][/vc_column_inner][vc_column_inner width= »1/2″ alignment= »center »][vc_single_image image= »22611″ alignment= »center »][/vc_column_inner][/vc_row_inner][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Être cadre n’est pas un travail de tout repos : en plus des objectifs et missions politiques (maintenir le zéro-COVID, entretenir la croissance économique, calmer d’éventuelles colères populaires), il faut en plus gérer son image et être « bon en communication ». À cette tâche, certains sont meilleures que d’autres. Surtout, une partie des fonctionnaires aiment recourir à une propagande racoleuse, voire populiste qui souvent génère des moqueries. Plongée sur les ratés de la propagande chinoise.
[/vc_column_text][vc_empty_space height= »18px »][thb_title style= »style6″ title= »Attitudes et étiquettes des cadres du Parti »][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]Être un cadre du Parti communiste chinois est un privilège mais aussi une lourde responsabilité. Terminée, l’époque où être fonctionnaire rimait avec réceptions parfois décadentes et corruption abondante. Xi Jinping cherche, depuis le premier jour de son accession au pouvoir, à discipliner ces cadres. Dans le lexique du Parti, des termes précis désignent ces attitudes délétères qui sont désormais à proscrire : le formalisme (形式主义), le bureaucratisme (官僚主义), ou plus largement ceux qui montrent deux « faces » (两面人) pour n’en citer que quelques-uns.
Prenons un fonctionnaire local, dirigeant une bourgade de quelques dizaines de milliers d’âmes. Soucieux de son image, il souhaite montrer à ses administrés – mais aussi à ses chefs – le sérieux de son travail. Il alors commande alors une série d’articles dans les journaux locaux, montrant l’ardeur à la tâche et sa conscience politique aigue. Problème, notre fonctionnaire n’est pas un fin communicant, et son article s’intitule « fier des valeurs communistes, le Premier secrétaire étudie les textes du Parti tous les soirs à la bougie ». Un message ridicule, qui ne manquera pas d’être moquée sur internet.
Ce type d’article et formulation sont légion. Cette utilisation d’une propagande « vulgaire », « facile » ou « racoleuse » est si peu crédible qu’elle finit par desservir les buts affichés. Ce phénomène est appelé, depuis 2015, « rouge bas-de-gamme / noir haut-de-gamme » (低级红 / 高级黑) : un dévoiement des valeurs socialistes dans un soucis de popularité. Dit autrement, il s’agit un populisme dévoyé, une propension à maquiller ses intentions égoïstes ou népotiques derrière une attitude faussement « socialiste ».
La semaine passée sur WeChat, le compte officiel du Département de la Propagande du Zhejiang a publié un article remarqué pour son style mais aussi pour son franc parlé. Intitulé « six exemples de rouge bas-de-gamme, noir haut-de-gamme», cet article dresse un tableau de certaines pratiques vulgaires mais répandues, qui impactent l’image du parti.
[/vc_column_text][vc_single_image image= »23057″ img_size= »large » alignment= »center »][vc_empty_space height= »18px »][vc_row_inner][vc_column_inner alignment= »center »][vc_column_text]Vous souhaitez recevoir le Passe Muraille, la newsletter hebdomadaire gratuite d’EastIsRed, dans votre boite mail ?[/vc_column_text][vc_btn title= »Inscrivez vous » style= »classic » color= »juicy-pink » align= »center » link= »url:http%3A%2F%2Fwww.eastisred.fr%2Finscription|title:inscrivez-vous%20!|target:%20_blank| »][/vc_column_inner][/vc_row_inner][vc_empty_space height= »18px »][thb_title style= »style6″ title= »Cessez l’outrance dans la propagande! »][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]Tout observateur du Parti communiste se sera déjà amusé de l’outrance et du ridicule sa propagande. Voici quelques exemples: « le maire adjoint a mangé des gâteaux de lune payés de sa poche » ou encore « le vice-président de la région a conduit sa propre voiture et payé ses gâteaux de lune sa poche ; ses parents approuvent ». Ces formulations transforment une attitude « normale » en un fait divers digne d’être vanté, mais suscitent les moqueries des internautes. En réalité ce type d’articles au mieux désuet, au pire ridicules, sont légions : d’autres exemples incluent : « une camarade a fait des heures supplémentaires pendant 28 jours sans se changer ni se laver les cheveux » ou encore un « cadre de la lutte contre la pauvreté a épousé une femme pauvre ».
Le Parti communiste aime les modèles : salariés modèles, cadres modèles, des personnalités modèles, etc. Afin transmettre une énergie positive et impressionner les « masses populaires », le Parti aime recourir à des images grandioses, des « miracles » au sein du peuple provoqué par une ferveur patriotique forte, une discipline au travail unique, une dévotion sans fin. « Un officier de police a renoncé à la cérémonie de mariage avec sa nouvelle épouse afin de participer à une compétition d’arts martiaux » voilà ce qu’on peut s’attendre à lire, doublé d’une couverture médiatique dithyrambique. Au lieu de susciter l’admiration, cette photo et plus largement l’attitude du policier a été décriée par les internautes qui la trouve « inhumaine ».
Parmi les cas similaires de création de scènes et de conception de personnages caricaturaux, citons : « Un couple copie la constitution du Parti lors de sa nuit de noces », « Des cadres apprennent l’histoire du parti en plein jour mais à la lueur d’une lampe à huile » ou encore « une grand-mère de 91 ans, en fauteuil roulant depuis trois ans, se lève et danse sur une chanson patriotique. »
[/vc_column_text][vc_single_image image= »23056″ img_size= »large » alignment= »center »][vc_empty_space height= »16px »][thb_title style= »style6″ title= »Autoglorification des cadres et sarcasmes sur internet »][vc_empty_space height= »16px »][vc_column_text]Troisième bévue : la glorification d’une « belle vie », ventant « le confort et une image de réussite ». A priori – si les cadres n’exposent pas une richesse criarde – l’idée est de projeter l’impression d’une vie moderne, confortable, sauf que l’effet produit est souvent inverse. Par exemple, durant les multiples confinements dû à la pandémie, certains cadres postent les livraisons de fruits et légumes reçus des autorités. L’idée était de montrer que l’Etat pouvait être efficace et les cadres font leur travail. Problème: de nombreux citoyens sont en situation de pénurie alimentaire. Sitôt les images postées, elles deviennent virales sur Weibo et provoquent un tollé. Une autre « histoire » conte la réussite glorieuse de trois générations de petits-enfants travaillant dans l’industrie du tabac, mais elle a été remise en question sur les réseaux sociaux qui y ont vu une corruption et copinage.
Le quatrième style est celui du « couteau mou » (软刀子) : un message qui l’apparence d’un compliment, mais qui se révèle être un sarcasme. Ce quatrième style ‘illustre par une tendance récente des réseaux sociaux chinois, le « style vestimentaire du cadre ». Cette « esthétique du fonctionnaire » est l’objet de nombreux articles, expliquant que ce style est devenu « le summum du désirable pour le mariage ». Bien entendu, le caractère sarcastique est assez évident, est par conséquent est une forme de « vulgarité ».
Enfin, dernière exemple d’attitude « bassement rouge » consiste à faire d’un problème « ordinaire » un problème « politique ». Par exemple, un cadre d’une bourgade ou d’un bureau local est puni pour « ne pas avoir répondu au téléphone en pleine nuit, alors qu’il se douchait » et a également été étiqueté comme « n’ayant pas suffisamment pris des quatre consciences » et « n’étant pas strict et réaliste dans son travail ».
[/vc_column_text][vc_empty_space height= »16px »][thb_title style= »style6″ title= »Pour conclure »][vc_empty_space height= »16px »][vc_column_text]Si le terme de « rouge bas de gamme, mais noir haut de gamme » n’est pas nouveau, la publication d’articles récents sur ce sujet révèle une conscience que la propagande ne peut se satisfaire de contenus à la qualité douteuse. Pour cause, l’opinion publique, en particulier dans les segments jeunes et urbains, subit de plein fouet la fatigue épidémique et les difficultés économiques. Dans ce contexte, le travail de propagande doit rester, sinon crédible, du moins sobre et ne pas céder à une presse de bas étage. Il ne faudrait pas accentuer un sentiment de décalage entre l’opinion et les cadres.
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