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« Le rouge de bas-de-gamme » : quand la propagande suscite des moqueries

« Le rouge de bas-de-gamme » : quand la propagande suscite des moqueries

Être cadre n’est pas un travail de tout repos : en plus des objectifs et missions politiques (maintenir le zéro-COVID, entretenir la croissance économique, calmer d’éventuelles colères populaires), il faut en plus gérer son image et être « bon en communication ». À cette tâche, certains sont meilleures que d’autres. Surtout, une partie des fonctionnaires aiment recourir à une propagande racoleuse, voire populiste qui souvent génère des moqueries. Plongée sur les ratés de la propagande chinoise.

Attitudes et étiquettes des cadres du Parti

Être un cadre du Parti communiste chinois est un privilège mais aussi une lourde responsabilité. Terminée, l’époque où être fonctionnaire rimait avec réceptions parfois décadentes et corruption abondante. Xi Jinping cherche, depuis le premier jour de son accession au pouvoir, à discipliner ces cadres. Dans le lexique du Parti, des termes précis désignent ces attitudes délétères qui sont désormais à proscrire : le formalisme (形式主义), le bureaucratisme (官僚主义), ou plus largement ceux qui montrent deux « faces » (两面人) pour n’en citer que quelques-uns.

Prenons un fonctionnaire local, dirigeant une bourgade de quelques dizaines de milliers d’âmes. Soucieux de son image, il souhaite montrer à ses administrés – mais aussi à ses chefs – le sérieux de son travail. Il alors commande alors une série d’articles dans les journaux locaux, montrant l’ardeur à la tâche et sa conscience politique aigue. Problème, notre fonctionnaire n’est pas un fin communicant, et son article s’intitule « fier des valeurs communistes, le Premier secrétaire étudie les textes du Parti tous les soirs à la bougie ». Un message ridicule, qui ne manquera pas d’être moquée sur internet.

Ce type d’article et formulation sont légion. Cette utilisation d’une propagande « vulgaire », « facile » ou « racoleuse » est si peu crédible qu’elle finit par desservir les buts affichés. Ce phénomène est appelé, depuis 2015, « rouge bas-de-gamme / noir haut-de-gamme » (低级红 / 高级黑) : un dévoiement des valeurs socialistes dans un soucis de popularité. Dit autrement, il s’agit un populisme dévoyé, une propension à maquiller ses intentions égoïstes ou népotiques derrière une attitude faussement « socialiste ».

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