Exécution de Li Jianping : les pantouflages entre SOE et PCC ne passent plus 4 octobre 2022 Li Jianping (李建平) a été condamné à mort en première instance sans sursis ce 27 septembre – première exécution effective de cette année du Tigre. Ce personnage politique incarne le problème endémique de corruption au sein du PCC, notamment du fait des passages réguliers de ces responsables entre entreprises d’Etat et gouvernements locaux. CV et motif de la condamnation / corruption et mafia En mars 2011, Li Jianping a assumé le poste de secrétaire du comité de travail du parti de la zone de développement économique et technologique de Hohhot (Mongolie Intérieure). De 2009 à 2014, on le trouve à la tête de Hohhot Chunhua Water Development Group Co., Ltd (呼和浩特春华水务开发集团有限责任公司). Il profite de son influence pour vendre des offres de projet public contre rémunération, et gagne 82 millions d’euros en biens immobiliers pour ses faveurs d’attribution. Pendant cette période, il entretient notamment des liens étroits avec un patron de la mafia locale, Zhao Wenyuan (赵文远). Contre rémunération, il tolère et favorise l’existence de la pègre locale, un classique dans les régions reculées de la Chine. De 2016 à 2018, l’accusé Li Jianping a profité de son poste de secrétaire du comité de travail du parti de la zone de développement économique et technologique de Hohhot pour détourner plus plus de 206 millions d’euros. Il enregistrait notamment des entreprises avec des prête-noms afin d’assurer lui-même les détournements d’offres publiques. En tout, sur 20 ans, c’est 426 millions d’euros que Li Jianping aurait détourné à son profit. L’affaire Li Jianping a été reconnue comme étant « la plus grande affaire de l’histoire de la lutte contre la corruption en Mongolie intérieure jusqu’à présent« . Un condensé des problèmes provinciaux chinois Le détournement des fonds publics via attribution frauduleuse d’offres publiques est un classique en Chine, surtout dans les régions reculées et les régions autonomes. La collusion avec des organisations de type mafieuses / triadeuses également, en particulier au Xinjiang et dans les régions autonomes, où l’autorité de l’Etat peine à s’imposer sur les réflexes communautaires locaux. Sur ce dernier point, les chinois ont trouvé une expression: « parapluie protecteur ». Les mafias locales cherchent des alliés au sein de la police ou du Parti pour couvrir, contre rémunération, leurs activités. Ces complexes police – mafia qui contrôlent les petites villes. En 2019, un autre cas a fait grand bruit en Chine: Qin Bin, responsable de la sécurité publique d’une ville du Guangxi, a été condamné pour sa protection d’une mafia locale. Ce procès public est l’indicateur d’un vrai ras-le-bol en Chine à l’égard de ces petits « tyrans locaux ». See Also Les investissements immobiliers chutent de 10% en Chine, une première. Hohhot – une ville aux frontières septentrionales de la Chine Pour les détournements de fonds, Li Jianping incarne un problème régulier en Chine, surtout avec un secteur public grignotant le secteur public dans la ligne de la volonté de Xi Jinping. Ce problème, c’est le pantouflage, par lequel des secrétaires et des responsables d’entreprises d’Etat (SOE) passent en responsabilité gouvernementales et inversement. Ces trajectoires favorisent évidemment tout les types de corruption possibles. Son exécution, qui jure sur les commutations habituelles de ces peines capitales en prison à vie, indique que Xi Jinping reste campé sur sa politique de « tolérance-0 » [零容忍] vis-à-vis des corrompus.