Les messageries d’entreprise sont devenues une banalité avec laquelle les employés ont appris à cohabiter. Qui n’a jamais reçu de message sur Slack à 19h30 un jeudi soir ou se réveiller avec le bruit distinctif de ses notifications. En Chine, il existe plusieurs applications de messageries d’entreprise, mais la plus connue et sans aucun doute « dingding » (DingTalk, selon le nom officiel en anglais).
Créée par Alibaba en 2015, elle compte plus de cinq cents millions d’utilisateurs individuels et 21 millions d’entreprises. L’application permet à une entreprise de gérer la messagerie, mais aussi les emails, les gestions d’agenda ainsi qu’un service de visio-conférence. Parmi ses concurrents, on retrouve sans surprise WeChat pour entreprise (企业微信) ou encore Lark (飞书) de Bytedance.
L’application n’était que marginale jusqu’au début de la pandémie. Elle a bénéficié de l’essor du télétravail mais aussi des cours en distanciel, puisqu’elle a été choisie par de nombreux collèges et lycées pour les cours en ligne. Dès lors, son ascension est fulgurante jusqu’aux 500 millions d’utilisateurs qu’on lui connait.
[/vc_column_text][vc_empty_space height= »18px »][thb_title style= »style6″ title= »Le management par la pression »][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]Mais avec la notoriété sont venus les critiques. Il faut dire que Dingding encourage aux pratiques de management abusives. Dans un premier temps, les plus critiques furent les élèves : alors qu’ils sont forcés de suivre leurs cours en ligne, un mouvement se lance pour « pourrir » les notes de l’application sur les apps stores. L’entreprise a été contrainte de sortir le grand jeu en matière de PR : vidéos pleines d’auto-dérision, présence sur les réseaux sociaux, création de mêmes, etc.
Dingding s’est surtout fait connaître pour sa réputation sulfureuse d’outil de « torture pour employés ». Il faut dire que ses capacités de « suivi de l’assiduité » sont extrêmes. Entre autres fonctionnalités problématiques : un système de « vue » des messages, permettant à un manageur de savoir exactement quel employé n’a pas « lu » le message. Si le message n’est pas un vu, le manageur peut envoyer des « buzz » unique à cet employé jusqu’à ce qu’il le lise. Autre exemple, un système de « sourire pour pointer » qui prend des photos du visage lors du pointage et « compare » le sourire de chaque employé. Enfin, un système de pointage par GPS lorsqu’un employé se connecte au Wifi de l’entreprise, ce qui pose problème en cas de connectivité défaillante.
Une telle application, dans un environnement de travail comme celui que connait la Chine, est délétère. Alors que les manageurs chinois sont notoirement connus pour être en permanence derrière les employés, avec une pression « constante », Dingding leur permet de littéralement « pourchasser » les employés y compris durant les weekends. Certains observateurs considèrent toutefois qu’il ne s’agit pas tant d’un problème lié à DingTalk mais à la culture de travail locale, l’application n’étant qu’un reflet de celle-ci.
[/vc_column_text][vc_empty_space height= »18px »][vc_single_image image= »23311″ img_size= »medium » alignment= »center »][thb_title style= »style7″ title= »Tout changer pour que rien ne change ? « ][vc_empty_space height= »18px »][vc_column_text]Si les critiques n’ont pas changé, l’application elle continue son évolution. L’entreprise a désormais lancé une version payante pour les entreprises, qui inclue également le stockage des informations – à la manière de Slack. Une option de « personnalisation totale » sera aussi disponible pour les « gros clients ». Ces éléments indiquent que DingTalk s’oriente vers davantage vers un service de type « platform as a service » afin de mieux monétiser son offre.
Toutefois, dans un contexte de diminution de la rentabilité des grands groupes de l’internet chinois, DingTalk n’est pas à l’abris des licenciements. En mai 2022, des rumeurs annonçait un plan de réduction du personnel allant impacter jusqu’à 30% des employés. En réalité, la réduction du personnel s’est maintenue autour de 10%. A l’image de la tech chinoise donc, DingTalk doit se réinventer pour garantir sa survie dans un environnement concurrentiel devenu difficile.
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